Vers 19H00 (23H00 GMT) jeudi, les visiteurs du compte @realDonaldTrump ont été accueillis par le message: "Désolé, cette page n'existe pas".
Dans un premier temps, le réseau social a indiqué sur son propre service que ce compte avait été "désactivé par inadvertance à cause d'une erreur humaine commise par un employé de Twitter". Avant de rectifier plus tard: cette manoeuvre a été effectuée à dessein par un employé --non identifié-- pour son dernier jour de travail.
"Nous menons une enquête interne complète", a ajouté la société, précisant que le compte avait été interrompu pendant onze minutes.
Le président n'a pas réagi à cette coupure intempestive pendant presque douze heures, tweetant néanmoins sur d'autres sujets dans l'intervalle.
"Mon compte Twitter a été désactivé pendant 11 minutes par un employé voyou. Je pense que les nouvelles sont enfin en train de se répandre et d'avoir un impact", a-t-il tweeté vendredi matin.
Le réseau social s'est enflammé, certains qualifiant l'employé de "héros" tandis que d'autres s'inquiétaient.
"Cher employé de Twitter qui a fermé le compte Twitter de Trump: vous avez fait l'Amérique se sentir mieux pendant 11 minutes. DM-moi et je vous offre une pizza de Pizza Hut", a tweeté le représentant démocrate Ted Lieu, avide utilisateur du réseau social, invitant l'auteur à lui envoyer un message direct.
Cet employé "pourrait devenir un candidat au prix Nobel de la paix", a renchéri David Jolly, ancien parlementaire.
Mais cette interruption, et les réjouissances qu'elle a entraînées parmi les détracteurs du milliardaire, a aussi suscité du mécontentement.
"Les gauchistes ont célébré pendant les quinze minutes où Trump a disparu de Twitter, prouvant une fois de plus qu'ils apprécient la censure et détestent la libre expression", soulignait notamment un tweet populaire de @_Makada_, qui se présente comme un/une nationaliste conservateur.
- 'Pas une plaisanterie' -
Pour Jennifer Grygiel, professeure à l'université de Syracuse spécialisée dans l'étude des réseaux sociaux, cette désactivation "n'est pas un sujet de plaisanterie".
"C'est un problème grave y compris pour la sécurité nationale. Cet incident est l'illustration que Twitter n'a pas mis en place les garde-fous adéquats pour les comptes importants", a-t-elle expliqué.
Elle avait déjà plaidé pour une "pré-modération" du compte de Donald Trump "afin d'éviter une guerre accidentelle" qui pourrait être déclenchée par une blague ou une interférence sur ce compte.
"Nous devons nous assurer qu'un stagiaire ne peut pas facilement compromettre ce compte", a-t-elle martelé.
Selon elle, des comptes ayant une ampleur "systémique" pour la sécurité nationale ou pour les marchés financiers devraient être soumis à un contrôle humain préalable, avec un délai de publication de quelques secondes.
"C'est choquant de voir qu'un employé lambda de Twitter peut fermer le compte du président. Que se serait-il passé s'il avait à la place tweeté de faux messages ?", s'est interrogé sur Twitter Blake Hounshell, rédacteur en chef du magazine Politico.
"Sérieusement, que se serait-il passé si cette personne avait tweeté à propos d'une frappe nucléaire imaginaire sur la Corée du Nord ?", a-t-il ajouté.
Le compte personnel @realDonalTrump est le moyen de communication de prédilection du président américain et affiche plus de 41,7 millions d'abonnés. Il a aussi un compte officiel @Potus avec 20,9 millions d'abonnés mais qui sert peu.
Il y annonce des mesures, lance des invectives et fait des commentaires --parfois désobligeants-- sur les personnes, de son camp ou non, n'ayant pas ses faveurs. Il envoie quasi-quotidiennement ces messages en 140 caractères maximum.
Ses adversaires ont à maintes occasions demandé à Twitter de suspendre son compte, affirmant que ses tweets enfreignaient les conditions d'utilisation du réseau en matière de discours incitant à la haine ou de persécution.
Pour certains, ses messages sur la Corée du Nord, notamment celui où il indiquait que le chef du régime Kim Jong-Un "ne serait plus là très longtemps", ne respectent pas les règles interdisant les menaces de violences.
En guise de réponse, le groupe s'est engagé à réexaminer son règlement tout en soulignant que la "valeur informative" et l'intérêt public devaient être soupesés pour décider du maintien ou non d'un tweet.
Avec AFP