A peine quelques jours après le début du confinement à Lagos, Ogun et Abuja les habitants ont commencé à déplorer les effets.
Empêcher la propagation du nouveau coronavirus, c'est l’objectif annoncé il y a une semaine par le président Muhammadu Buhari qui avait dit qu'il s'agissait d'une question de vie ou de mort.
L’avocate Dorethy Ogiugo estime que la situation est difficile : "en tant qu’avocate, je ne peux même pas aller au travail, je ne peux pas aller au tribunal, je ne peux non plus recevoir le paiement pour des travaux que je devais faire maintenant. Mais j'accepte malgré tout".
Les marchés, les supermarchés, les hôtels, bars, restaurants et autres centres sociaux sont fermés. Les forces de sécurité patrouillent dans les rues de la capitale, Abuja, pour faire respecter la mesure.
Des barrages sont installés à travers la ville pour vérifier et identifier les rares personnes qui sortent malgré l’interdiction. La brutalité des hommes en uniforme préoccupe Liberty Audi Oseni.
"Si vous n’avez ni argent ni nourriture à la maison, vous serez obligé de sortir pour aller chercher de la nourriture mais le militaire ou le policier sur la route ne va pas comprendre que vous n’avez pas de nourriture", explique Liberty Audi Oseni.
Le gouvernement est intervenu pour revoir les exigences des populations en permettant l’ouverture des marchés et des supermarchés qui vendent des produits alimentaires pendant quelques heures dans la journée.
Mais les commerçants profitent de cette période de confinement pour faire gonfler les prix des denrées comme le témoigne Faith Momo.
"Je pense que ce n’est pas une bonne idée pour un gouvernement d’ordonner un confinement total à Abuja sans assister les populations pour leur survie durant les deux semaines. Vous imaginez le riz local produit au Nigeria est aujourd’hui vendu à 21.000 nairas (environ 50 euros). C’est terrible", souligne-t-il.
Certains doutent même des bases juridiques du confinement.
C'est le cas du juriste Moise Mbimbe Nlom. "Ce texte est obsolète et ne reflète pas la réalité du terrain", précise-t-il, en faisant référence au décret présidentiel signé il y a 41 ans et sur lequel le gouvernement actuel s'appuie.
Plus de 4.000 cas suspects ont été recensés selon la commission nationale sur le Covid-19.
Dans un tweet, le Centre national pour le contrôle des maladies (NCDC) a annoncé que 20 personnes sont guéries et le Nigeria a enregistré jusqu’ici deux morts dues au nouveau coronavirus.