"Total a officiellement mis fin à l'accord pour le développement de la phase 11 du (gisement gazier) South Pars", a dit le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanghaneh, à l'agence Icana, liée au Parlement.
"Cela fait plus de deux mois qu'il avait annoncé qu'il mettrait fin au contrat", a-t-il ajouté.
Devant le Parlement, M. Zanghaneh a par ailleurs souligné l'état désastreux, selon lui, des infrastructures pétrolières et gazières, nécessitant une rénovation que l'Iran ne peut financer.
Après son retrait unilatéral en mai de l'accord nucléaire conclu en 2015 entre Téhéran et les grandes puissances, Washington a rétabli le 6 août une première série de sanctions contre Téhéran, suivie d'une deuxième en novembre qui ciblera le secteur pétrolier.
Les autres signataires de l'accord --Grande-Bretagne, France, Allemagne, Chine et Russie-- ont émis le souhait de ne pas s'en retirer, mais leurs entreprises risquent de lourdes sanctions si elles restent.
Total avait déjà indiqué qu'il lui serait impossible de rester en Iran sans une dérogation de la part des autorités américaines, qui ne lui a pas été accordée.
"Industrie vétuste"
A la tête d'un consortium avec le chinois CNPCI et l'iranien Petropars, l'entreprise française a signé en juillet 2017 un accord gazier d'un montant de 4,9 milliards de dollars pour le développement d'un vaste champ offshore dans le sud.
Elle devait commencer par investir un milliard de dollars dans le projet mais a indiqué en mai avoir dépensé moins de 40 millions d'euros en raison de l'incertitude croissante liée au rétablissement des sanctions américaines.
Avec des actifs totalisant 10 milliards de dollars aux Etats-Unis et des banques américaines impliquées dans 90% de ses opérations financières, Total aurait été fortement touché par les sanctions contre Téhéran.
Il n'a pas été indiqué à ce stade si le chinois CNPCI prendrait la tête du consortium à la place de Total.
L'Iran reste à ce jour prudent face aux investissements chinois en raison de mauvaises expériences, un contrat ayant déjà été suspendu avec CNPCI en 2011 après l'incapacité du groupe chinois à mener à bien le projet dans le champ de South Pars.
Le besoin urgent d'attirer des investissements pour moderniser les infrastructures énergétiques a contribué à la signature par Téhéran de l'accord nucléaire en 2015.
Bijan Namdar Zanganeh s'est rendu au Parlement lundi afin de répondre à des questions concernant la sécurité après plusieurs incendies dans des raffineries.
"Une grande partie de l'industrie pétrolière est vétuste et la nécessaire rénovation n'a pas eu lieu", a-t-il déclaré, selon l'agence officielle Irna.
Il a indiqué que des tubes se retrouvaient troués quotidiennement dans des installations du sud en raison de leur vétusté. Certaines raffineries sont vieilles de 80 ans, "alors que la durée de vie d'une usine est plutôt de 30 ans (...). Nous n'avons pas de quoi les rénover", a-t-il ajouté.
Le rétablissement des sanctions américaines intervient dans un contexte de crise économique et monétaire, l'Iran souffrant d'un taux de chômage élevé et d'une forte inflation. Le rial iranien a plongé, perdant près des deux tiers de sa valeur en six mois.
Avec AFP