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Le Gabon veut réformer son secteur public "dégradé"


Des Gabonais attendent pour un taxi ou le bus dans une rue de Libreville, au Gabon, le 5 avril 2011.
Des Gabonais attendent pour un taxi ou le bus dans une rue de Libreville, au Gabon, le 5 avril 2011.

Le Gabon veut réduire le nombre d'agents de son secteur public qui n'a cessé d'augmenter pour un service qui s'est pourtant "dégradé", constatent tous les jours les habitants de ce pays d'Afrique centrale de moins de deux millions d'habitants, dont 150.000 fonctionnaires.

Avec l'appui du Fonds monétaire international (FMI), le gouvernement gabonais vise à faire passer la masse salariale du public en-dessous de 500 milliards de FCFA (762 millions d'euros) par an contre 720 milliards de FCFA (1,1 milliards d'euros) par an en 2017.

Car loin d'être plus performant qu'avant, le service public s'est au contraire "dégradé" et est tombé dans la "turpitude" ces dernières années, estime Jean-Rémy Yama, président du groupement syndical Dynamique unitaire (DU).

"Parfois, dix agents se retrouvent autour d'un même bureau pour faire une même tâche", déplore Jean-Louis Nkoulou Nkoulou, enseignant-chercheur en économie à l'université Omar Bongo.

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Pour M. Yama, "le mode de nomination actuel est à l'origine des turpitudes, car il obéit à des considérations politiques, familiales ou ethniques".

Pour tenter d'améliorer la gestion du personnel, le gouvernement a mis en place en 2017 un système de gestion des ressources humaines dans chaque ministère.

Mais la structure "n'est pas bien acceptée et ne donne pas encore de résultats", estime M. Nkoulou Nkoulou.

Et si la base est touchée, la "démobilisation des agents publics", est aussi "encouragée par des responsables hiérarchiques qui ne font pas leur travail, or ils sont nommés par gouvernement", note Jean-Rémy Yama.

Santé et éducation affectées

Les professeurs du public migrent aujourd'hui vers les écoles privées... tout en conservant leur salaire du public, explique M. Nkoulou Nkoulou.

Souvent, "les élèves des établissements publics ne voient pas leurs professeurs qui sont en train de faire cours dans une école privée", affirme Samy Maghoumbou, enseignant du secondaire à Libreville.

"C'est histoire d'allonger les fins du mois", estime ce jeune professeur, qui rappelle que le salaire d'un enseignant du public est en moyenne de 700.000 FCFA (un peu plus de 1.000 euros).

Même phénomène dans le secteur de la santé où le personnel délaisse l'hôpital public pour bénéficier des largesses du privé, allant jusqu'à tromper les patients.

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"Récemment, ma femme est allée faire un petit examen à l'hôpital public", raconte Etienne, habitant de Libreville. "Le médecin lui a déclaré soudainement qu'elle avait le cancer et lui a demandé de se rendre dans sa clinique privée pour des examens approfondis", poursuit-il. "Heureusement, nous avons vu qu'il s'agissait simplement de nous faire peur pour le payer plus dans le privé, nous sommes allés dans un autre centre public pour des examens qui ont révélé que ma femme est en parfaite santé".

De nombreux fonctionnaires ont donc plusieurs salaires. Parfois, certains sont même à l'étranger et bénéficient toujours de leur salaire de la fonction publique au Gabon.

Pour l'instant, le pays n'accuse aucun retard de paiement dans la fonction publique. Parfois, au lieu d'un versement de salaire, certains fonctionnaires sont payés en bons de caisse, note le syndicat Dynamique unitaire, comme cela a été le cas pour les agents des affaires sociales en avril.

Riche principalement de son pétrole, de ses ressources minières et de sa forêt, le Gabon traverse depuis 2015 une passe économique difficile - aggravée par la baisse des prix du brut -, se traduisant par du chômage, des grèves, des entreprises qui tournent au ralenti ou mettent la clé sous la porte.

Avec AFP

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