Aussi avocat, défenseur des droits humains et commentateur très critique du gouvernement, Ericino de Salema a été enlevé mardi en plein centre de Maputo par des hommes armés.
Il a retrouvé deux heures plus tard à 30 km de là, sérieusement blessé, par des témoins, qui l'ont conduit à l'hôpital.
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"Il a été torturé et abandonné dans un état considéré comme sérieux par les médecins", a témoigné à l'AFP l'épouse de la victime, Neusa Ribeiro. "Il souffre de fractures multiples et doit être opéré des deux jambes et du bras gauche".
M. de Salema est l'un des intervenants-vedette d'une émission baptisée "Points de vues" diffusée sur une télévision privée, où il dénonce régulièrement les abus du gouvernement du président Filipe Nyusi et du parti au pouvoir, le Frelimo.
Sa femme a assuré à l'AFP qu'il avait reçu des menaces anonymes pour lui dire "qu'il parlait trop et qu'il avait dépassé les limites".
Le Premier ministre mozambicain Carlos Agostinho do Rosario s'est rendu jeudi au chevet du journaliste et a promis de "tout faire pour retrouver les auteurs du crime".
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La police a ouvert une enquête, a déclaré son porte-parole Inacio Dina,sans plus de détails.
Mais l'opposition, les journalistes et la société civile du pays ont rendu le gouvernement responsable du climat de violence qui, selon eux, se développe au Mozambique.
"C'est le retour des escadrons de la mort", a dénoncé Afonso Dhlakama le chef du principal parti d'opposition (Renamo), "ceux qui enlèvent et tuent des gens sont liés au Frelimo".
"L'enlèvement et la torture d'Ericino de Salema ne sont pas isolés. C'est devenu une habitude, spécialement ces dernières années", ont déploré dans un communiqué un groupe de journalistes et patrons de presse du pays.
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En 2016, l'universitaire Jaime Macuane, qui participait à la même émission "Points de vues" que M. de Salema, avait été enlevé et roué de coups dans les même conditions.
Ce groupe a exigé un rendez-vous avec le président Nyusi "pour lui faire part de son inquiétude" et "demander la protection des journalistes", a dit à l'AFP l'un d'eux, Fernando Lima.
Amnesty International a mis en garde contre l'émergence d'une "culture de la peur".
La société civile a annoncé une manifestation de soutien au journaliste agressé la semaine prochaine.
Avec AFP