Comme en Irak, les jihadistes lancent des attaques éclairs, souvent à l'aide de véhicules piégés, pour contrer l'avancée des combattants de l'opération "Colère de l'Euphrate" sur la route de Raqa.
Dans cette région désertique et plate du nord de la Syrie, les forces ont "avancé de 12 km à partir de la localité de Suluk (80 km au nord de Raqa) après de violents combats", a indiqué lundi à l'AFP la porte-parole de l'offensive, Jihan Cheikh Ahmad.
"Nous avons pu nous emparer d'armes" de l'EI "et nous avons tué un grand nombre de ses combattants", a-t-elle ajouté.
Des combattants avancent également depuis Aïn Issa, à 50 km au nord de Raqa, où le combattant Chawakh Gharib est impatient de libérer sa ville natale des "oppresseurs" et des "infidèles de l'EI". "Le moral est au beau fixe", assure à l'AFP ce jeune homme de 25 ans.
"Colère de l'Euphrate" mobilise quelque 30.000 combattants, issus des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance anti-EI dominée par les Kurdes mais qui comprend aussi des Arabes et des Turkmènes.
"La majorité des combattants participant à l'offensive sont originaires de la province de Raqa, et notamment de la ville", selon la porte-parole.
Ils bénéficient d'un soutien actif de la coalition internationale antijihadistes dirigée par les Etats-Unis, qui a déployé plusieurs dizaines de conseillers sur le terrain.
Les avions américains, français ou britanniques jouent également un grand rôle pour éliminer les véhicules piégés suspects et les positions de l'EI.
"L'EI envoie des voitures piégées mais les avions de la coalition et nos armes antichar limitent leur efficacité", se félicite un responsable au sein du commandement de l'opération.
Prudence de Washington
Saluant dimanche le début de l'offensive sur Raqa, le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter avait souligné que, "comme à Mossoul", "la bataille ne sera pas facile et le travail qui se présente sera rude".
"La première phase sera d'isoler Raqa" en coupant les principaux axes de communication avec l'extérieur, a expliqué le Centcom, le commandement des forces américaines au Moyen-Orient.
Washington fait preuve de prudence sur les suites de l'opération en raison de son contexte géopolitique particulièrement sensible dans un pays plongé dans une guerre civile où interviennent de nombreuses puissances étrangères, dont la Russie et la Turquie.
Si Moscou reste en retrait, ce n'est pas le cas d'Ankara, qui veut s'impliquer dans la reprise de Raqa, située à une centaine de kilomètres de la frontière turque.
Un porte-parole des FDS, Talal Sello, a affirmé dimanche que son groupe s'était mis d'accord avec les Etats-Unis sur le fait "qu'il n'y aura aucun rôle turc ou des rebelles qui leur sont alliés dans l'offensive" de Raqa.
Quelques heures plus tard, Washington affirmait cependant être en "contact étroit" avec Ankara.
Avancée au sud de Mossoul
En Irak, l'offensive sur Mossoul est entrée dans sa quatrième semaine avec une nouvelle percée des forces irakiennes sur le front sud.
La police fédérale, l'armée et les forces d'élite du ministère de l'Intérieur ont en effet pris lundi à l'EI le contrôle de la ville de Hamam al-Alil, dernière localité importante au sud de Mossoul, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Cette reconquête ouvre la voie aux forces irakiennes pour accentuer la pression vers la périphérie sud de Mossoul, où sont situés l'aéroport international et une vaste base militaire que l'armée avait désertée en juin 2014 lorsque l'EI s'était emparé de la deuxième ville du pays.
Au nord-est de Mossoul, les forces kurdes irakiennes, les peshmergas, ont lancé lundi un assaut sur Bachiqa, une ville située à proximité d'une base controversée où sont déployées des troupes turques, a indiqué un commandant.
Ankara insiste pour jouer un rôle dans l'offensive sur Mossoul, lancée le 17 octobre, et a mené des attaques à l'artillerie contre les jihadistes depuis la base de Bachiqa.
A l'intérieur de Mossoul, les forces irakiennes poursuivent leur progression dans les quartiers de l'est, où l'EI oppose une forte résistance.
"Jusqu'à sept quartiers sont désormais contrôlés par les forces du contre-terrorisme, qui les sécurisent en éliminant les dernières poches de terroristes", a précisé à l'AFP Sabah al-Noman, le porte-parole de ces forces.
Le nombre de civils déplacés depuis le début de l'offensive dépasse désormais 34.000, selon un nouveau bilan établi lundi par l'Office international des Migrations (OIM).
Avec AFP