Entamé mardi soir, le dépouillement des bulletins de vote devrait se poursuivre dans les prochains jours jusqu'à la proclamation du nom du vainqueur.
Celui-ci succédera à Ellen Johnson Sirleaf, seule femme élue chef d'Etat en Afrique et prix Nobel de la paix 2011, qui ne pouvait plus se représenter. Elle cédera le 22 janvier le pouvoir à son successeur, élu pour six ans.
Dans un pays qui n'a pas connu d'alternance démocratique depuis 1944, "cette transition est cruciale. Si le Liberia la réussit, ça sera une victoire pour lui, pour l'Afrique de l'Ouest et pour l'Afrique en général", a déclaré l'ancien président du Nigeria, Goodluck Jonathan, chef des observateurs du National Democratic Institute (NDI), dont le siège est aux Etats-Unis.
Le Liberia est un pays anglophone d'Afrique de l'Ouest, meurtri par quatorze ans d'une guerre civile particulièrement atroce --quelque 250.000 morts entre 1989 et 2003--, puis par l'épidémie d'Ebola, dont il peine à se redresser.
"Jusqu'à présent, tout s'est passé de manière ordonnée. Il s'agit d'une amélioration par rapport au 10 octobre", date du premier tour, a déclaré après la fermeture des bureaux le président de la Commission électorale nationale (NEC), Jerome Korkoya, avant de demander aux deux candidats de s'abstenir de revendiquer la victoire avant la publication des résultats officiels.
Weah acclamé
George Weah a voté en milieu de matinée, acclamé par une foule de supporteurs.
"C'est un jour historique. Je sais que je vais gagner", a déclaré celui qui, à 51 ans, reste très populaire auprès des jeunes.
"Weah sera le meilleur président d'Afrique, comme il a été le meilleur joueur du foot du continent", a assuré l'un de ses partisans, John Momoh.
Star du PSG et du Milan AC dans les années 1990, le seul Africain à avoir reçu le Ballon d'Or part favori, ayant viré en tête avec 38,4% des voix. Il bénéficie notamment du ralliement du sénateur et ancien chef de milice Prince Johnson (8,2%).
Sénateur depuis 2014 de la province la plus peuplée du pays, il a comme colistière Jewel Howard-Taylor, ex-femme de Charles Taylor et influente sénatrice de Bong, autre important réservoir de voix.
Et il affirme avoir tiré les leçons de ses deux échecs face au "ticket" présidentiel Sirleaf-Boakai, comme candidat à la présidence en 2005 puis à la vice-présidence en 2011.
Boakai confiant
Dans l'autre camp, on ne s'avouait toutefois pas vaincu. "Nous allons gagner! Parce que le peuple croit en nous et sait que nous sommes les meilleurs", a lancé Joseph Boakai, 73 ans.
"Nous accepterons le résultat, sous réserve qu'il respecte toutes les normes", a ajouté celui qui a contesté pendant des semaines l'issue du premier tour.
"J'ai voté pour Joseph Boakai car il a l'expérience. Après 12 ans au pouvoir, il connaît les ficelles. Et il nous a dit qu'il ferait mieux qu'Ellen Sirleaf", a expliqué une électrice de 56 ans, Victoria Blamoh.
Le Liberia vit encore sous l'ombre de Charles Taylor, ancien chef de guerre puis président, (1997-2003) condamné par la justice internationale à une peine de 50 ans de prison, qu'il purge en Grande-Bretagne, pour des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre perpétrés en Sierra Leone voisine.
'Génial !'
Les observateurs de l'UE et du Liberia Elections Observation Network (LEON), un réseau d'associations de la société civile, ont salué l'amélioration de l'organisation du scrutin et son déroulement pacifique.
"J'ai très facilement trouvé l'endroit où je devais voter. C'est génial !", s'est réjoui Gabriel Peters, un électeur de 27 ans.
Ce second tour s'est déroulé "dans le respect du processus électoral", a résumé la député européenne Maria Arena, à la tête d'une mission de 81 observateurs de l'UE.
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Le lendemain de Noël, date choisie pour un scrutin initialement fixé au 7 novembre, laissait craindre une baisse de la participation. Mais, "au fil des heures, nous avons vu arriver de plus en plus de gens", a expliqué Mme Arena.
Prévu initialement le 7 novembre, le second tour avait été reporté à la suite de recours du candidat arrivé troisième le 10 octobre, Charles Brumskine (9,6%), appuyé par M. Boakai (28,8%), qui avait dénoncé des "fraudes et irrégularités".
Avec AFP