La New Road, dans le quartier Sabon Gari de la ville de Kano, dans le nord du Nigeria, est un endroit où les adultes et de nombreux adolescents viennent fumer des drogues comme le cannabis ou inhaler des substances, aussi connues sous le nom de gomme ou de sholisho. Ibrahim Idris, 13 ans, consomme du cannabis et une substance inhalée appelée Solution. Il est entré dans un centre de réadaptation il y a six mois, mais il a recommencé à se droguer. « Je me plais ici. En fait, tous ceux que vous voyez ici s'y plaisent. Aucun d'entre nous ne peut quitter cet endroit. Même si vous nous emmenez chez nos parents, nous devons revenir parce que nous aimons cet endroit. », confie-t-il. Mais Kumatu, 11 ans, veut simplement retrouver sa famille. « Je veux que quelqu'un me ramène chez mes parents. Je suis sûr que même ma mère m'a oublié ou qu'elle pense que je suis mort maintenant. Je fume du cannabis. », affirme ce jeune consommateur de drogues.
Selon l'Agence nationale de lutte contre la drogue, plus de 14 millions de Nigérians font un usage abusif de drogues, principalement de cannabis. Le manque de centres de désintoxication au Nigeria a incité Abubakar Shu'aibu Maitumaki, militant antidrogue basé à Kano, à construire un centre privé destiné principalement aux toxicomanes mineurs. Ancien consommateur lui-même, Maitumaki estime que « la principale raison pour laquelle les toxicomanes nigérians retombent dans la drogue est double: la première est le manque de conseils et de formation de la part des parents, et la deuxième est la pauvreté dans de nombreux foyers. »
Les deux fils de Muhammad Auwal Imrana, âgés de 16 et 18 ans, sont des toxicomanes. Selon lui, les parents ne doivent pas abandonner leurs enfants à la drogue, mais continuer à essayer de les aider. « J'ai deux fils toxicomanes. Je les ai rapprochés de moi et cela m'a aidé. L'un a arrêté et l'autre a réduit sa consommation.”, avance Muhammad Auwal Imrana.
L'agence nigériane de lutte contre la drogue indique qu'au cours des trois dernières années, elle a saisi 7,6 millions de kilogrammes de drogues illicites telles que la cocaïne, l'héroïne, la méthamphétamine et le cannabis. Elle a aussi obtenu gain de cause devant les tribunaux contre ceux qui les vendent, selon son porte-parole Femi Babafemi. « Si l'on considère également le nombre de poursuites, l'agence a poursuivi et fait condamné plus de 9 000 personnes.”, déclare Femi Babafemi.
Selon un rapport des Nations unies datant de 2021, le Nigeria comptera 20 millions de toxicomanes d'ici à 2030. Mais Ibrahim Idris et certains de ses compagnons de consommation ont d'autres projets: ils disent espérer obtenir de l'aide et retrouver une vie saine.
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