La malaria est considérée comme éradiquée à Anjouan et Mohéli, mais elle progresse à nouveau depuis près de trois ans sur la troisième île de l'archipel. "La situation est dans le rouge depuis 2017", a résumé à l'AFP le Dr Affane Bacar, coordonnateur du programme de lutte contre l'épidémie.
Moroni a obtenu en 2005 une subvention de 2,4 millions de dollars du Fonds mondial contre le paludisme, la tuberculose, et le sida pour éliminer la malaria, première cause de morbidité dans le pays.
Lancé en 2007 à Mohéli puis à Anjouan en 2012, le programme a fait reculer le taux de la population porteuse de la maladie de 23% à 0,3% grâce à un nouveau traitement connu des spécialistes sous le nom de dihydroartémisinine-pipéraquine.
A la Grande-Comore, la campagne lancée en 2013 n'a permis de couvrir que 60% de la population mais a fait dégringolé le nombre de cas mensuels de 5.000 à 7.000 à 200 cas en quelques mois.
"On n'a enregistré aucun décès par paludisme en 2014", a rappelé à l'AFP le Dr Hafidhou Mohamed, en charge du suivi du plan.
Mais la situation s'est détériorée depuis. En 2018, 19.600 cas de paludisme et huit décès ont été enregistrés. Pour les six premiers mois de cette année, 16.142 cas ont déjà été recensés.
Le Dr Hafidhou a attribué la rechute au faible taux de couverture du programme, au non-usage systématique de moustiquaires, à une campagne de rumeurs malveillantes contre un médicament chinois et, surtout, aux ratés du système de surveillance du plan.
La progression de l'épidémie à la Grande-Comore inquiète de plus en plus les autorités sanitaires.
"Nous craignons aujourd'hui que la persistance du paludisme à la Grande-Comore ne déstabilise les autres îles, mais aussi les pays de la sous-région", a souligné le Dr Hafidhou.
La nouvelle campagne vise cette fois la totalité du territoire de la Grande-Comore. "Notre objectif, c'est zéro paludisme en 2021 et c'est possible", a lancé le Dr Affane.