"Dieu est un Dieu de paix. Il n'existe pas de Dieu de guerre", a lancé le pontife argentin lors de la messe matinale à sa résidence Sainte-Marthe au Vatican, avant de prendre l'hélicoptère pour la cité médiévale, 30 ans après le premier rendez-vous de ce genre institué par Jean Paul II.
Il a insisté sur les horreurs que traversent les pays plongés dans la violence, "sur ces terre où jour et nuit les bombes tombent et tombent". "Que le Seigneur nous donne la paix du coeur, qu'il nous ôte toute envie d'avidité, de cupidité, de lutte. Non ! La paix ! La paix ! (...) Au-delà des divisions entre religions. Parce que nous sommes tous fils de Dieu".
Le pape a aussi appelé à avoir une pensée pour les personnes que les bombes privent d'aide humanitaire, au lendemain d'un raid meurtrier en Syrie contre un convoi d'aide destiné à Alep. "Pendant que nous prions aujourd'hui, il serait bon que chacun de nous ressente la honte. La honte que des humains, nos frères, soient capables de faire cela. Aujourd'hui est une journée de prière, de pénitence, de larmes pour la paix".
A Assise, le pape a été accueilli par des dignitaires et experts qui participent depuis dimanche à des rencontres dans la cité médiévale.
Après un déjeuner avec dix victimes de guerre, il a prévu de s'entretenir avec l'archevêque de Canterbury, Justin Welby, chef spirituel des anglicans, le patriarche orthodoxe de Constantinople Bartholomée Ier, et des représentants musulman et juif.
Dans l'après-midi, tous les participants seront invités à se retirer pour prier pour la paix, en même temps mais dans des lieux séparés, avant de converger pour une cérémonie commune et la proclamation d'un message de paix.
Une victime de la guerre, le patriarche Bartholomée, un patriarche bouddhiste japonais, un ouléma d'Indonésie et un rabbin d'Israël doivent alors s'exprimer avant le discours du pape.
'Image d'unité'
Sur la place devant la basilique Saint-François, Mohanad Zanboua, son épouse Nour et leur fille Maria, qui ont fui la Syrie fin 2014 posent tout sourire devant une bannière de paix signée par François, "honorés" d'être invités à déjeuner avec le pape. "Nous avons perdu nos vies, nos documents, notre maison", explique Nour dans un murmure.
Dans le contexte de conflits armés où des chrétiens sont victimes en Afrique et au Moyen-Orient et d'attaques terroristes perpétrées par des extrémistes se prévalant de l'islam, ce rendez-vous annuel vise aussi à désolidariser les grandes religions des prédicateurs de haine.
"L'islam, utilisé malgré lui, est le premier qui souffre du terrorisme", juge Abdelfattah Mourou, ancien imam aujourd'hui vice-président du Parlement tunisien.
Il y a 30 ans, la première rencontre interreligieuse de ce type, à l'invitation de Jean Paul II, avait représenté un moment historique pour l'Eglise catholique et le rapprochement de religions souvent séparées par des siècles d'hostilités et de massacres.
Le rendez-vous se répète désormais chaque année dans une ville différente, sous l'égide de la communauté catholique de Sant'Egidio.
Depuis dimanche, environ 500 représentants des différentes traditions religieuses, ainsi que des laïcs, ont pris part à une série de tables rondes thématiques - terrorisme, environnement, migrants, Irak... - suivies par 12.000 participants.
Lors d'une table ronde lundi, le grand rabbin de Milan Alfonso Arbib a salué les progrès du dialogue entre chrétiens et juifs, qui "a permis de sortir de stéréotypes millénaires de mépris, mettant fin à l'idée d'un peuple juif déicide". "Mais le défaut du dialogue est qu'il concerne souvent les élites!", a-t-il prévenu.
Pour Marco Impagliazzo, président de Sant'Egidio, "il faut montrer une image d'unité", seule réponse au terrorisme "qui divise et cherche à déstabiliser par la violence". "Assise se veut une réponse contre le pessimisme", insiste-t-il à l'adresse des critiques doutant de l'efficacité de telles discussions entre personnalités déjà modérées.
Avec AFP