Le papyrus, qui peut atteindre cinq mètres de haut, agit en tant que filtre pour les eaux, héberge des espèces de poissons menacées et abrite des oiseaux. Dans l’Antiquité, les Egyptiens en tiraient un beau papier, qui avait permis à la bibliothèque d’Alexandrie de devenir l’une des merveilles du monde.
Pour l’écrivain et écoligiste John Gaudet, on ne saurait imaginer l’Egypte sans le papyrus, ou le papyrus sans l’Egypte. « Dans la vallée du Nil, pour assurer le quotidien, il fallait aller sur l'eau. Donc les gens utilisaient des bateaux en papyrus » explique M. Gaudet. On en fabrique toujours en Ethiopie, ajoute-t-il. Ensuite, on a construit des habitations sur ces bateaux, et puis on a fait des sandales et des cordes avec la fibre de papyrus. « Donc, avant même l’apparition du papier, le papyrus avait aidé les Egyptiens dans leur quotidien ».
Malheureusement, au cours des siècles, les marécages abritant les papyrus ont été asséchés pour en faire des terres arables, ou des terrains pour ériger des logements. D’où la perte d’un habitat naturel étonnant.
« Le papyrus filtrait les eaux usées et les eaux de ruissellement et le limon pendant toutes ces années. Et le papyrus se trouve être une plante très, très efficace, dans un marais filtrant » affirme M. Gaudet. Autre avantage : son taux de croissance extrêmement rapide.
De ce fait, la plante a commencé à manquer et l’Egypte développe plusieurs projets visant à la réimplanter.
« Un grand nombre de scientifiques, d’ingénieurs, commencent à saisir la valeur d'un marais filtrant, parce que cela ne coûte pas cher », a déclaré M. Gaudet. Auteur de l’ouvrage « Le Papyrus : la plante qui a changé le monde », il rappelle que le papyrus peut aider à stabiliser des régions parmi les plus instables au monde. Il aide également à préserver l’eau.
« Les gens considèrent toujours les zones humides ou les marais comme des endroits où l'eau entre et ne ressort jamais. En fait l'eau s'infiltre dans le sol et recharge les nappes phréatiques invisibles » fait valoir l’expert. Et puis, le papyrus forme un dais au-dessus de l’eau, ce qui ralentit son évaporation. « Donc il est préférable d'avoir un couvert de papyrus plutôt qu’une surface exposée, comme un réservoir ». Car dans une région aride, un réservoir se traduit par de grosses pertes de liquide, du fait de l’évaporation.
Au hasard de ses déplacements et consultations en Egypte, au Soudan, en Ethiopie et en Ouganda – des pays où le papyrus pousse naturellement, M. Gaudet encourage la remise en état et préservation de marécages à papyrus. Il se veut optimiste. Au fur et à mesure que les gens redécouvrent les bienfaits de cette plante, ils la laisseront s’épanouir à nouveau, dit-il.