Le Parlement européen a demandé mercredi une enquête internationale sur les violences au Kasaï, région du centre de la République démocratique du Congo (RDC), afin de "veiller à ce que les auteurs de ces massacres rendent compte de leurs actes".
Dans une résolution adoptée à Strasbourg, les eurodéputés précisent que cette commission devrait comprendre des experts des Nations unies, et se disent "vivement préoccupés par la détérioration de la situation politique, sécuritaire et humanitaire" en RDC.
La région du Kasaï est secouée depuis septembre par la rébellion de Kamwina Nsapu, chef traditionnel tué en août 2016 lors d'une opération militaire après s'être révolté contre les autorités de Kinshasa.
Ces violences qui impliquent miliciens, soldats et policiers ont fait plus de 400 morts - dont deux enquêteurs de l'ONU en mars - et causé le déplacement de 1,3 million de personnes.
"Il incombe en premier lieu au gouvernement de la RDC de protéger les civils se trouvant sur son territoire et soumis à son administration, notamment des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre", souligne le Parlement.
Les élus ont par ailleurs déploré les "atermoiements" dans l'organisation des prochaines élections en RDC, en principe prévues avant la fin 2017, pour désigner un successeur au président Joseph Kabila, toujours au pouvoir près de 6 mois après la fin de son mandat.
A cet égard, le Parlement demande la "création immédiate d'un conseil national pour suivre l'accord et le processus électoral", et la publication "d'un calendrier électoral détaillé", conformément à un accord conclu le 31 décembre dernier entre la majorité et l'opposition.
Lors du débat ayant précédé le vote de la résolution, le commissaire chargé de l'aide humanitaire, Christos Stylianides, a souligné la nécessité "d'appliquer pleinement l'accord politique du 31 décembre", et de "créer l'atmosphère politique propice à des élections crédibles, transparentes et ouvertes".
"L'intimidation et les arrestations arbitraires d'opposants et de militants, ainsi que les poursuites à caractère politique, ne contribuent pas à un tel environnement", a observé M. Stylianides.
Les sanctions infligées fin mai par l'UE à huit responsables de l'appareil sécuritaire en RDC, pour de "graves violations des droits de l'homme", visent à "encourager un changement de politique ou de comportement" de la part des autorités, a précisé le commissaire.
"Les sanctions sont réversibles - nous serions ouverts à l'idée de les lever si les personnes concernées montraient qu'elles tournent le dos à la violence", a-t-il ajouté. A l'inverse, l'UE pourrait inclure dans la liste des personnes sanctionnées ceux qui "font obstacle à une fin de crise pacifique et consensuelle", et ce "à tous les niveau, y compris au niveau politique", a souligné le responsable européen.
Avec AFP