Le gouvernement camerounais s’est fixé certains objectifs sur la période 2020-2030 tels que bitumer plus de 6000 kilomètres de routes, améliorer le taux d’accès à l’eau potable à 60%, garantir l’accès à l’éducation primaire à tous les enfants en âge de scolarisation, créer plus de 300.000 emplois par an, porter le taux de chômage à moins de 25% et atteindre une croissance annuelle de 8,1%.
Quatre piliers
Pour ce faire, "il nous faut veiller à ce que l'allocation des ressources dans notre économie aille vers les secteurs les plus productifs, trouver des ressources humaines de qualité, promouvoir de l’emploi et l’insertion économique de nos jeunes, enfin nous devons poursuivre avec les réformes des finances publiques pour attirer le secteur privé", a expliqué Alamine Ousmane Mey, ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire.
Au cours de la cérémonie de présentation du document de la stratégie nationale de développement, Célestin Tawamba, président du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), a été assez critique et moins optimiste.
"Ce document souffre d’une absence de priorisation claire, il a trop de plans, il manque de réformes à l’instar de la fiscalité et le budget de l’État reste un éléphant difficile à dégraisser", a-t-il déclaré.
Pourtant, le gouvernement envisage accroître la commande locale à au moins 60% en biens et services afin de favoriser l’émergence du secteur privé car, jusqu’ici, l’économie camerounaise a une forte propension à importer.
Imposer un suivi
"Les questions de suivi-évaluation rigoureuses n’y sont pas clairement visibles", note le professeur Roger Tsafack Nanfosso, économiste et recteur à l’université de Dschang, dans la partie occidentale du Cameroun.
L’économiste fait observer: "On peut avoir toutes les stratégies du monde mais si vous n’avez pas un système qui dit qui fait quoi, quand, où, comment, avec quelles attentes, à quel moment...ça cause des problèmes".
Aussi, suggère t-il pour éviter les erreurs du passé, que "les structures en charge de la mise en œuvre produisent les résultats annuels chiffrés et suivis".
La coordination d'une stratégie
L’universitaire et experte en gouvernance publique, la professeure Viviane Biwolé, craint que la non prise en compte de certains aspects de management plombe la bonne conduite de cette nouvelle boussole de développement du Cameroun.
"Il faut donner une âme à cette stratégie nationale de développement et l’encadrer par un ensemble de compétences. Nous pensons qu’à côté de la discipline budgétaire, il faudrait qu’il y’ait un leadership visible pour une meilleure coordination", souligne-t-elle.
Le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, a tenté de rassurer sur les inquiétudes soulevées ici et par là par les experts: "le gouvernement ne fera que sa part, que tout le monde en fasse autant", a-t-il précisé.
Le Cameroun ambitionne de devenir un pays émergent à l’horizon 2035, une vision stratégique déclinée en 2009. Au cours de la première phase entre 2010 et 2019, le taux de croissance du pays s’est situé à 2,3%, très loin du taux annuel de 5,5% envisagé sur cette période.