"C'est avec une profonde douleur que (j'annonce que) le corps sans vie de l'abbé Rodrigue Sanon a été retrouvé ce jour 21 janvier dans la forêt classée de Toumousseni, à une vingtaine de km de Banfora", a déclaré dans un communiqué transmis à l'AFP Mgr Lucas Kalfa Sanou, évêque de Banfora, capitale de la région des Cascades dans le sud-ouest du Burkina Faso.
Les circonstances de la disparition de l'abbé de la paroisse Notre dame de Soubaganyedougou, et de sa mort restent floues.
C'est la première fois qu'un prêtre est retrouvé mort dans cette région du sud-ouest du Burkina Faso, frontalière du Mali et de la Côte d'Ivoire et où des groupes jihadistes sévissent.
L'abbé Rodrigue Sanon avait pris la route mardi matin à Soubaganyedougou pour rejoindre Banfora, capitale régionale.
"Il n'est jamais arrivé à destination", avait annoncé le lendemain Mgr Lucas Kalfa Sanou. La voiture de l'abbé avait été retrouvée vide sur l'axe routier.
Des opérations de ratissages avaient été lancées par les forces de sécurité dès l'annonce de sa disparition.
Selon une source sécuritaire à Ouagadougou contactée par l'AFP, "tout laisse à penser qu'il s'agit d'un enlèvement par des groupes armés terroristes", la terminologie employée par les autorités au Sahel pour qualifier les jihadistes.
"Ils ont probablement dû exécuter leur otage pour se défaire du maillage sécuritaire", a continué la même source.
"Alerte maximale"
Au Burkina Faso, théâtre d'attaques jihadistes de plus en plus nombreuses depuis 2015, des groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda pour certains et à l'organisation Etat islamique (EI) pour d'autres sévissent.
Le sud-ouest, frontalier du Mali et de la Côte d'Ivoire, d'abord moins touché par les attaques que le Nord et l'Est, est peu à peu devenu une zone de présence jihadiste.
En mai 2020, une large opération militaire menée conjointement par la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso avait voulu déloger les jihadistes présents dans la zone frontalière entre les deux pays.
Un mois plus tard, quatorze soldats ivoiriens avaient été tués du côté ivoirien de la frontière avec le Burkina Faso, à Kafolo.
Du même côté de la frontière, les forces de sécurité étaient depuis mardi "en alerte maximale" pour retrouver le prêtre disparu, a indiqué jeudi à l'AFP le sous-préfet de Kaoura (département Ouangolo, en Côte d'Ivoire à la frontière burkinabè), Adama Karka Coulibaly.
"Les dozos (chasseurs traditionnels, ndlr) ivoiriens et burkinabés qui maitrisent la brousse" avaient également été mis en alerte, de même source.
"sécurité et stabilité" promises
La situation sécuritaire ne cesse de se dégrader au Burkina Faso, qui a réélu fin 2020 le président Roch Marc Christian Kaboré à un second mandat.
M. Kaboré, qui n'a pas pu enrayer la spirale jihadiste pendant son premier mandat, a promis le retour de "la sécurité et la stabilité".
Des pans entiers du territoire continuent d'échapper au contrôle de l'Etat.
Contre les groupes jihadistes à l'influence grandissante dans la sous-région depuis 2012, Ouagadougou est engagé avec ses partenaires, régionaux (Mali, Niger, Mauritanie, Tchad) et internationaux (France).
Ils doivent ensemble réévaluer leur engagement en février lors d'un sommet à N'Djamena, durant lequel un point doit également être fait sur le devenir de l'opération française Barkhane.
Jeudi, Paris a annoncé avoir tué mi-janvier une "vingtaine" de jihadistes dans le nord du Burkina Faso lors de frappes aériennes.
Les attaques jihadistes, qui ciblent régulièrement des églises et des religieux, ont fait près de 1.200 morts et plus d'un million de déplacés depuis 2015, dans ce pays sahélien pauvre d'Afrique de l'Ouest.
Mi-août, le grand imam de Djibo et président de la communauté musulmane de cette importante ville du nord, Souaibou Cissé, avait été retrouvé mort trois jours après son enlèvement par un groupe d'individus armés qui avaient intercepté le car dans lequel il voyageait.
Un an plus tôt, le curé de la même ville (Djibo) avait également été enlevé. En 2018, le père César Fernandez, missionnaire espagnol, avait été tué dans le centre du pays. .