L'ouverture de ce procès tant attendu, sept ans après la création de cette juridiction, et unique au monde dans un pays encore en guerre civile, avait déjà été reportée du 19 au 25 avril en raison de l'absence des avocats de la défense.
Issa Sallet Adoum, Ousman Yaouba et Tahir Mahamat, membres d'un des plus puissants groupes armés qui terrorisent les populations depuis des années, les 3R (Retour, Réclamation et Réhabilitation), sont jugés pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, accusés du massacre, le 21 mai 2019, de 46 civils dans des villages du nord-ouest, Koundjili et Lemouna, résume l'interminable acte d'accusation lu par un greffier.
Les trois hommes, dans leur combinaison orange de détenus, sans menottes et dos au public dont ils sont séparés par une épaisse vitre, sont restés impassibles, sous leurs masques anti-covid, à la lecture de la litanie de leurs crimes présumés: "meurtres et tortures, autres atteintes à la dignité des personnes, notamment des traitements inhumains et autres actes dégradants".
La Cour a rejeté les demandes de remise en liberté des avocats de la défense, rapporte une journaliste de l'AFP.
"Je renvoie l'audience au 16 mai 2022 à la demande des avocats" de la défense, a conclu le président centrafricain de la Chambre d'assises, Aimé-Pascal Delimo, au terme de cettte première journée.
Paul Yakola, avocat d'Ousman Yaouba, a déclaré à l'AFP: "Il y a encore des petits détails sur lesquels nous voudrions travailler."
Créée en 2015 par le gouvernement avec le parrainage de l'ONU, mais dont les travaux ont été lancés seulement en octobre 2018 avec les premières enquêtes, la CPS est composée de juges et procureurs originaires – outre de Centrafrique – notamment de France, du Togo et de République démocratique du Congo (RDC).
La Centrafrique, deuxième pays le moins développé au monde selon l'ONU, est le théâtre depuis 2013 d'une guerre civile, très meurtrière dans ses premières années mais qui a baissé d'intensité depuis 2018.
Mais, pour repousser une offensive rebelle lancée il y a plus d'un an, le pouvoir du président Faustin Archange Touadéra avait alors réclamé de l'aide à Moscou. Depuis, des centaines de paramilitaires russes sont venus s'ajouter à des centaines présents depuis 2018. Des "instructeurs non armés" selon la Russie, des "mercenaires" de la compagnie privée Wagner selon l'ONU, la France et des ONG, qui accusent les deux camps de commettre des crimes contre les civils.