La fermeture de l'église, annoncée par ces responsables religieux sur le parvis de l'édifice lors d'une conférence de presse, a débuté aux environ de midi (10 heures GMT). Sa durée n'a pas été clairement établie dans l'immédiat, des ecclésiastiques se contentant d'affirmer qu'elle intervenait jusqu'à nouvel ordre.
Les autorités israéliennes veulent faire payer des impôts sur certaines propriétés des Eglises considérées comme "commerciales".
"En signe de protestation, nous avons décidé de prendre cette mesure sans précédent de fermer l'église du Saint-Sépulcre", ont annoncé devant le site des responsables grecs orthodoxes, apostoliques arméniens et catholiques avant d'en fermer les lourdes portes en bois.
Selon eux, de telles mesures israéliennes s'apparentent à "une tentative d'affaiblir la présence chrétienne à Jérusalem".
"Si (le projet) est approuvé, il rendrait possible l'expropriation des terres des Eglises", affirme un communiqué. "Cela nous rappelle toutes les lois de même nature qui ont été appliquées aux Juifs durant les heures sombres de l'Europe".
Une commission ministérielle israélienne devait examiner le projet dimanche, mais sa décision a été reportée d'une semaine.
Considéré comme le site le plus saint de la chrétienté, le Saint-Sépulcre est construit à l'endroit où Jésus à été crucifié et mis au tombeau, selon la tradition. Des centaines de milliers de personnes s'y rendent chaque année en pèlerinage.
L'église est située dans la Vieille ville à Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la ville sainte qu'Israël occupe depuis 50 ans et dont l'annexion est considérée comme illégale par la communauté internationale.
'Très décevant'
Dimanche, des touristes confus ont trouvé les portes de l'église closes et des guides touristiques tentaient d'expliquer pourquoi ils ne pouvaient pas entrer. Un pèlerin s'est agenouillé et a prié tandis que des barrières étaient installées autour de l'entrée.
"C'est très décevant", a regretté Elona, une touriste russe âgée d'une vingtaine d'années qui avait prévu de visiter le lieu saint.
"C'est l'une des principales attractions religieuses, et c'était très important pour nous de la visiter car c'est notre première fois ici", a-t-elle confié.
Le maire de Jérusalem, Nir Barkat, a fait savoir dans un communiqué que la ville comptait récupérer des arriérés d'impôts d'un montant de 650 millions de shekels (152 millions d'euros) sur certaines propriétés des églises.
Il a souligné que le Saint-Sépulcre et toutes les autres églises étaient exemptées des taxes et le resteraient, cette mesure ne touchant que les établissements tels que les "hôtels, salles de réunion et commerces" appartenant aux Eglises.
Les responsables chrétiens estiment que ce projet de loi compromet leur travail quotidien, qui inclut non seulement des services religieux mais aussi sociaux envers les plus démunis.
Par ailleurs, un projet de loi distinct vise à apaiser les craintes des Israéliens vivant dans des maisons bâties sur des terres précédemment détenues par l'Eglise orthodoxe grecque et qui ont été vendues à des promoteurs privés.
Les ventes récentes de terres par l'Eglise orthodoxe grecque ont provoqué la colère des Palestiniens qui redoutent qu'elles servent à la construction de logements destinés à des Israéliens à Jérusalem-Est, tandis que les résidents israéliens craignent d'être expulsés par les nouveaux propriétaires pour permettre le lancement de projets immobiliers.
Selon les médias israéliens, le ministère des Affaires étrangères a critiqué la décision du maire de Jérusalem sur la taxation des églises, des responsables estimant que cette décision compromettait un statu quo de plusieurs décennies.
La fermeture du Saint-Sépulcre, géré par les Eglises grecque orthodoxe, apostolique arménienne et catholique, est rare.
En 1990, il avait été fermé avec d'autres sites chrétiens pour protester contre l'installation de colons près de cette église. Neuf ans plus tard, les sites chrétiens avaient été de nouveau fermés pour protester contre la construction d'une mosquée à proximité de la basilique de l'Annonciation à Nazareth.
Avec AFP