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Le Sea-Watch et ses 47 migrants arrivés à Catane


Une équipe de Sea-Watch a sauvé 92 migrants le jour de l'an en Méditerranée, 1er janvier 2018. (Twitter/Sea-Watch)
Une équipe de Sea-Watch a sauvé 92 migrants le jour de l'an en Méditerranée, 1er janvier 2018. (Twitter/Sea-Watch)

Le navire de l'ONG allemande Sea-Watch est arrivé jeudi à Catane, dans l'est de la Sicile, pour débarquer 47 migrants secourus il y a 13 jours au large de la Libye, tout en lançant un appel aux dons pour ses probables frais de justice à venir.

Escorté par près d'une demi-douzaine de vedettes des garde-côtes et de la police, le navire battant pavillon néerlandais a accosté en milieu de matinée dans le port de Catane.

Sur le port, des tentes de la Croix-Rouge étaient dressées pour l'accueil des migrants, qui se sont embrassés et ont pris des selfies à bord à l'arrivée du navire. Des tuteurs ont été désignés pour chacun des 13 mineurs, tandis que les adultes doivent être conduits dans un centre d'identification et de premier accueil (hotspot) à Messine, plus au nord.

Depuis vendredi, le navire mouillait au large de Syracuse, plus au sud, pour s'abriter du mauvais temps. Mais si l'ONG a plaidé avec force pour faire débarquer les migrants en Italie, elle n'était pas pressée d'y faire accoster son navire, compte tenu des menaces de poursuites répétées par le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini.

Le choix du port de Catane "est une décision politique très préméditée de la part des autorités italiennes. Nous arriverons sous l'autorité du (procureur Carmelo) Zuccaro, qui n'as pas une histoire très amicale avec des ONG", a déclaré Kim Heaton, chef de mission à bord.

"Mais nous sommes tous absolument convaincus que nous n'avons rien fait de mal. Que nous avons respecté la loi à la lettre", a-t-il ajouté.

"Nous espérons le meilleur, et nous nous préparons au pire", a annoncé l'ONG, qui a lancé dans la matinée un appel pour récolter 10.000 euros sur internet: "Aidez-nous à payer nos frais de justice!"

Mercredi, le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, avait annoncé un accord avec six autres pays européens -- la France, le Portugal, l'Allemagne, Malte, le Luxembourg et la Roumanie -- pour répartir les 47 migrants bloqués depuis le 19 janvier sur le navire.

Il n'était pas clair si l'Italie elle-même garderait une partie des migrants: M. Conte l'a laissé entendre mais M. Salvini, qui s'y est toujours opposé de manière catégorique, ne l'a pas confirmé.

Depuis des mois, diplomates européens et humanitaires réclament un mécanisme permanent de répartition des migrants secourus en mer pour leur épargner les interminables discussions au cas par cas.

Mais les cas pourraient devenir de plus en plus rares avec le blocage progressif des navires humanitaires privés, comme l'Aquarius de SOS Méditerranée et Médecins sans frontières (MSF) ou l'Open Arms de l'ONG espagnole Proactiva Open Arms.

- Aide à l'immigration clandestine -

M. Salvini a régulièrement déclaré souhaiter que la justice enquête sur les activités de l'équipage du Sea-Watch.

Le gouvernement italien lui reproche de ne pas avoir laissé les garde-côtes libyens se charger des migrants, puis de s'être précipité vers l'Italie plutôt que de chercher refuge sur la côte tunisienne, beaucoup plus proche. Mais l'ONG assure n'avoir jamais reçu de réponse de Tripoli ni de Tunis.

Lundi, le procureur de Syracuse, Fabio Scavone, avait estimé que le commandant du Sea-Watch n'avait "commis aucun délit" et avait seulement "sauvé les migrants et choisi la route qui semblait la plus sûre sur le moment".

"Nous ne pouvons que les remercier pour ce qu'ils ont fait", a salué un jeune Sénégalais à bord. "Les personnes qui viennent ici sont des personnes démunies. Et ce sont des personnes qui ont risqué leur vie, qui ont fait de la prison, qui sont passées par toutes sortes de tortures avant d'arriver là".

Mais à Catane, M. Zuccaro s'est montré particulièrement incisif contre les ONG depuis deux ans.

Au printemps 2017, il a multiplié les déclarations incendiaires sur une collusion entre ONG et passeurs et en mars 2018, il a obtenu le placement sous séquestre de l'Open Arms dans le cadre d'une enquête pour aide à l'immigration clandestine contre les responsables du bateau qui avaient refusé de remettre des migrants aux garde-côtes libyens.

La justice avait levé le séquestre au bout d'un mois au motif que la Libye ne garantissait pas les droits des migrants, mais l'enquête est toujours en cours.

Avec AFP

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