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Le site d'essais nucléaires que Pyongyang veut démanteler


Image satellitaire du site d'essais nucléaires de Punggye-ri, Corée du Nord, le 19 avril 2018.
Image satellitaire du site d'essais nucléaires de Punggye-ri, Corée du Nord, le 19 avril 2018.

La promesse du leader nord-coréen Kim Jong Un de démanteler le seul site connu d'essais nucléaires de Corée du Nord braque les projecteurs sur ce centre de Punggye-ri, installation secrète près de la frontière avec la Chine.

Ce site souterrain a été le théâtre des six tests nucléaires menés par Pyongyang, dont le dernier en septembre.

La Corée du Nord a annoncé qu'il ferait exploser les tunnels d'accès devant les médias étrangers entre mercredi et vendredi.

Ce démantèlement se veut un geste de bonne volonté avant le sommet historique entre M. Kim et le président américain Donald Trump, prévu théoriquement le 12 juin à Singapour.

Un environnement idéal

Le site, entouré de sommets escarpés, est creusé profondément sous une montagne granitique de 2.000 m d'altitude dans le Hamqyong du Nord, province du nord-est frontalière de la Chine. L'endroit est réputé idéal pour résister aux forces déchaînées par des explosions nucléaires.

Son existence a été mise au jour en 2006 avec le premier test nucléaire nord-coréen, au temps de Kim Jong Il, le père aujourd'hui décédé de M. Kim. Depuis, il est scruté par images satellitaires.

Des tunnels pénétrant dans le site depuis diverses directions sont visibles. Le premier test a été effectué dans le tunnel oriental, le deuxième et le troisième dans le tunnel occidental et les autres dans le tunnel septentrional, selon des responsables des services secrets.

Puissante explosion

Les tests réalisés sur ce site ont démontré les progrès rapides du programme nucléaire nord-coréen, surtout depuis l'arrivée au pouvoir en 2011 de M. Kim qui a supervisé quatre essais atomiques.

Le premier essai, généralement perçu comme un échec, a dégagé une puissance d'un kilotonne seulement (1.000 tonnes), comparée à 250 kilotonnes pour le sixième, le 3 septembre 2017, ce qui représentait plus de 16 fois la puissance de la bombe atomique américaine qui a rasé Hiroshima en 1945.

Mais la proximité de Punggye-ri avec la Chine est devenue source d'inquiétude pour Pékin. Le sixième essai a provoqué un séisme ressenti de l'autre côté de la frontière, poussant à la fuite de nombreux Chinois paniqués.

Sécurité du site

Les essais ont suscité des craintes croissantes sur la sécurité du site, avec des mises en garde de scientifiques chinois contre une menace radioactive majeure pour toute la région.

Une récente étude de l'Université de science et technologie de Chine a avancé que le dernier essai aurait provoqué un effondrement de roches dans le Mont Mantap, sous lequel sont menés les tests.

M. Kim cité par Séoul a balayé l'idée que le site soit hors d'usage, évoquant "deux tunnels supplémentaires encore plus grands" et "en bon état".

Concession de façade?

Certains sceptiques estiment que le démantèlement du site est une concession de façade car il pourrait être déjà inutilisable. D'autres avancent que Pyongyang a d'ores et déjà appris tout ce qu'il y avait à apprendre des essais nucléaires menés sur place.

"Ils ont d'ores et déjà récupéré les données nécessaires lors des six essais nucléaires et à moins qu'ils ne détruisent ces données, il y a des doutes sur l'importance du démantèlement d'un site d'essai nucléaire qui a fait son temps", explique Go Myong-hyun de l'Institut Asan d'études politiques.

Mais pour Jeffrey Lewis, de l'Institut Middlebury des études stratégiques, rien ne permet d'affirmer que Punggye-ri est inutilisable. Pour lui, ce démantèlement n'est pas une affaire de "mise au rebut d'un site endommagé".

Craintes de radiations

Le Nord affirme depuis longtemps que ses essais ne menacent pas l'environnement et ne comportent "aucune fuite radioactive".

Mais des médias sud-coréens et japonais, citant des transfuges nord-coréens et des chercheurs, ont fait état de cas d'exposition à la radioactivité parmi des travailleurs du site ou des habitants voisins, avec des cancers ou la naissance de bébés souffrant de malformations.

Ces inquiétudes ont convaincu le ministère sud-coréen de l'Unification de faire procéder l'an dernier à des examens médicaux sur 30 Nord-Coréens ayant fait défection et venus de la région potentiellement concernée par cette radioactivité.

Quatre d'entre eux, venus du comté de Kilju qui inclut Punggye-ri, montraient des symptômes pouvant être attribués à une exposition à des radiations. Mais les chercheurs impliqués dans l'étude ont estimé ne pouvoir tirer aucune conclusion pour lier ces problèmes de santé à un essai nucléaire.

Avec AFP

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