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Le socialiste Sanchez nouveau chef du gouvernement espagnol


Le socialiste espagnol Pedro Sanchez salue la foule à son arrive au Parlement à Madrid, le 1er juin 2018
Le socialiste espagnol Pedro Sanchez salue la foule à son arrive au Parlement à Madrid, le 1er juin 2018

Le socialiste Pedro Sanchez est devenu vendredi chef du gouvernement espagnol en poussant vers la sortie le conservateur Mariano Rajoy, coulé par un scandale de corruption.

Promoteur d'une motion de censure déposée au lendemain de l'annonce de la condamnation du Parti Populaire de M. Rajoy dans un méga-procès pour corruption, M. Sanchez a été investi automatiquement par le Parlement suite au vote de cette motion renversant son rival.

Le décret entérinant sa nomination a été signé vendredi par le roi Felipe VI devant lequel il doit prêter serment samedi à onze heures (09H00 GMT).

Lors de sa première prise de parole après le vote, cet ancien professeur d'économie surnommé le "beau mec" a promis d'aborder avec "humilité tous les défis auxquels le pays fait face" en citant en particulier "l'urgence sociale", alors que le chômage et la précarité minent toujours l'Espagne malgré l'insolente reprise économique.

A 46 ans, M. Sanchez tient enfin sa revanche, après deux défaits électorales successives qui lui ont valu d'être débarqué de la direction de sa formation en 2016, avant d'être remis en selle par les militants l'année dernière.

- Une majorité instable -

Avec l'arrivée au pouvoir du socialiste, une nouvelle page de l'histoire politique espagnole va s'ouvrir. En poste depuis décembre 2011, M. Rajoy, 63 ans, avait survécu à plusieurs crises majeures, de la récession à la tentative de sécession de la Catalogne en passant par les mois de blocage politique en 2016.

Mais pas au vote de vendredi adopté à une majorité de 180 députés qui a fait du conservateur le premier chef de gouvernement victime d'une motion de censure depuis le rétablissement de la démocratie espagnole.

"Oui, c'est possible", ont lancé des députés du parti de la gauche radicale Podemos en saluant sa chute, tandis que leur chef Pablo Iglesias embrassait M. Sanchez.

La grande question qui se pose désormais concerne la capacité de M. Sanchez à gouverner avec une majorité hétéroclite allant de Podemos aux indépendantistes catalans et aux nationalistes basques du PNV. Selon Fernando Vallespin, politologue à l'Université autonome de Madrid, il "ne pourra faire voter que les mesures "lui permettant d'obtenir une majorité facile".

"Le mieux aurait été des élections dont il serait sorti élu", a souligné Angelines García, femme au foyer de 56 ans.

Ses alliés de circonstance ont tous souligné que leur vote contre Rajoy n'était pas un chèque en blanc et Podemos a notamment déjà réclamé d'entrer au gouvernement.

- L'affaire de trop pour Rajoy -

M. Sanchez va entrer au gouvernement "par la porte de derrière", a raillé Rafael Hernando, patron des députés conservateurs.

Afin de convaincre le PNV, M. Sanchez avait dû assurer qu'il ne toucherait pas au budget du gouvernement Rajoy qui prévoit des largesses financières pour le Pays basque. Il a en outre promis aux indépendantistes catalans qu'il essaierait de "jeter des ponts pour dialoguer" avec le gouvernement régional de Quim Torra.

Après six ans au pouvoir, le sort de M. Rajoy s'est joué en à peine une semaine depuis le dépôt vendredi par le PSOE de sa motion de censure au lendemain de la condamnation du PP pour avoir bénéficié de fonds obtenus illégalement. L'affaire de trop pour M. Rajoy, dont le parti est empêtré dans plusieurs scandales.

Les juges ont conclu à l'existence d'un "authentique système de corruption institutionnelle" entre le PP et un groupe privé ainsi qu'à l'existence d'une "caisse noire" au sein du PP. Ils ont de plus mis en doute la crédibilité de M. Rajoy qui avait nié l'existence de cette comptabilité parallèle devant le tribunal.

"Il fallait que Rajoy quitte son parti maintenant, avec toute la corruption qu'il a accumulée, nous avions besoin d'un changement", s'est félicité Mari Ángeles Suárez, retraitée de 65 ans.


Avec AFP

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