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Rajoy sur le point de chuter et Sanchez aux portes du pouvoir en Espagne


Le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy au Parlement à Madrid, en Espagne, le 31 mai 2018. REUTERS / Sergio Perez
Le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy au Parlement à Madrid, en Espagne, le 31 mai 2018. REUTERS / Sergio Perez

Le socialiste Pedro Sanchez est en passe d'accéder au pouvoir en Espagne après avoir convaincu une majorité hétéroclite de renverser vendredi Mariano Rajoy, au pouvoir depuis six ans mais affaibli par la condamnation de son parti pour corruption.

Sauf rebondissement de dernière minute, les députés espagnols vont approuver dans la journée la motion de censure déposée par le Parti socialiste (PSOE) de M. Sanchez et porter ce dernier à la tête du gouvernement si M. Rajoy ne démissionne pas avant, ce que son entourage exclut.

Une page de l'histoire politique espagnole va donc se tourner. Au pouvoir depuis décembre 2011, M. Rajoy, 63 ans, avait jusqu'ici survécu à plusieurs crises majeures, de la récession, face à laquelle il a imposé une sévère cure d'austérité, aux mois de blocage politique en 2016 jusqu'à la tentative de sécession de la Catalogne l'an dernier.

"Enfin nous renvoyons le Parti populaire (PP de M. Rajoy) chez lui", s'est félicité jeudi le leader du parti de gauche radicale Podemos, Pablo Iglesias.

- La revanche de Sanchez -

"Votre isolement, Monsieur Rajoy, constitue l'épitaphe d'une période politique, la vôtre, qui est déjà finie", a lancé pour sa part M. Sanchez, ancien professeur d'économie surnommé le "beau mec" en Espagne.

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A 46 ans, M. Sanchez semble tenir sa revanche, lui dont l'investiture à la tête du gouvernement avait été rejetée par les députés en mars 2016 avant qu'il ne récolte en juin de la même année le pire score de l'histoire du PSOE aux élections législatives.

Débarqué de sa formation à la suite de cette déroute électorale, il en a repris les rênes l'an dernier grâce au soutien de la base contre les barons du PSOE.

Monté au front contre M. Rajoy dès l'annonce jeudi dernier de la condamnation du PP dans un méga-procès pour corruption, baptisé Gürtel, M. Sanchez a tenté cette fois avec succès un coup de poker politique.

Mais il a dû former autour des 84 députés socialistes une majorité hétéroclite allant de Podemos aux indépendantistes catalans et aux nationalistes basques et pesant au total 180 voix sur 350 députés.

M. Rajoy avait déjà quitté l'hémicycle jeudi quand le coup fatal lui a été porté par le Parti nationaliste basque (PNV, 5 députés) qui s'est rallié à la motion après avoir pourtant voté le budget du gouvernement la semaine dernière.

Afin de convaincre le PNV, M. Sanchez a dû assurer qu'il ne toucherait pas à ce budget qui prévoit des largesses financières pour le Pays basque. Il a en outre promis aux indépendantistes catalans qu'il essaierait de "jeter des ponts pour dialoguer" avec le gouvernement régional de Quim Torra.

- L'affaire de trop -

La condamnation du PP dans le procès Gürtel pour avoir bénéficié de fonds obtenus illégalement aura donc été l'affaire de trop pour M. Rajoy, dont le PP est empêtré dans plusieurs scandales, et qui devrait devenir vendredi le premier chef de gouvernement renversé par une motion de censure en Espagne depuis le retour à la démocratie. Les trois précédentes (1980, 1987, et 2017 déjà contre lui) ont échoué.

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Dans cette affaire, les juges ont conclu à l'existence d'un "authentique système de corruption institutionnelle" entre le PP et un groupe privé à travers la "manipulation de marchés publics", ainsi qu'à l'existence d'une "caisse noire" au sein du parti.

Ils ont de plus mis en doute la crédibilité de M. Rajoy, qui avait nié l'existence de cette comptabilité parallèle devant le tribunal.

Une fois la motion de censure adoptée, reste à savoir désormais combien de temps M. Sanchez, qui veut faire adopter des mesures sociales et a promis de convoquer par la suite des élections, sera en mesure de gouverner avec une majorité qui apparaît instable.

"La marge de manoeuvre pour de grandes réformes économiques apparaît très limitée et l'issue la plus probable est la convocation d'élections anticipées d'ici 12 mois", prédit Antonio Barroso, analyste au cabinet Teneo Intelligence.

Avec AFP

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