La semaine dernière, l'ambassadeur américain à Harare, Brian Nichols, avait estimé sur les réseaux sociaux que les sanctions américaines contre le Zimbabwe n'étaient "pas responsables de la faillite tragique du Zimbabwe". "La responsabilité en incombe à la gestion catastrophique de ceux qui le dirigent et aux abus du gouvernement contre ses propres citoyens", avait-il affirmé.
"Plus de 60 millions de dollars de fonds publics disparaissent et personne n'est tenu responsable. #Cenesontpasdessanctions", avait encore tweeté l'ambassade américaine la semaine dernière.
Dans un communiqué jeudi au ton très ferme, le ministre zimbabwéen des Affaires étrangères a jugé "fâcheuses" les déclarations de l'ambassadeur américain qui reflètent "un manque inquiétant de respect du gouvernement hôte".
La convention de Vienne sur les relations diplomatiques "ne permet pas à des ambassades de se comporter comme des citadelles de l'opposition, préoccupées" par "la médisance, les insinuations et même les insultes au gouvernement hôte".
"Aucun diplomate, et encore moins aucun ambassadeur, ne devrait se permettre de se comporter comme une sorte de membre de l'opposition avec un total mépris de toute forme de protocole diplomatique autorisé", a insisté Sibusiso Moyo.
"Un comportement persistant de cette nature testera la patience même des plus tolérants d'entre nous", a-t-il prévenu, assurant que le sens de l'hospitalité du Zimbabwe "ne devrait pas être pris pour argent comptant".
"Nous avons les moyens de mettre un terme à tout cela, si nous le jugeons nécessaire", a-t-il conclu.
Les Etats-Unis et l'Union européenne maintiennent depuis près de vingt ans des sanctions contre le Zimbabwe, qui visent surtout la famille et les proches de l'ex-président Robert Mugabe, accusés de violences et de fraudes électorales.
Emmerson Mnangagwa, qui a succédé à M. Mugabe il y a deux ans après un coup de force de l'armée et du parti au pouvoir, la Zanu-PF, essaie depuis vainement d'obtenir leur levée.
L'UE les a récemment réduites et le Fonds monétaire international (FMI) a repris langue avec Harare.
Mais à l'inverse, Washington a prolongé en mars les sanctions contre Emmerson Mnangagwa, un ancien cacique du régime Mugabe, et une centaine de personnalités ou entreprises zimbabwéennes.
Le 25 octobre, plusieurs milliers de Zimbabwéens avaient défilé dans la capitale Harare à l'appel de leur gouvernement, pour dénoncer les sanctions imposées par les Occidentaux, alors que le pays est en proie à une crise économique catastrophique.