Des juges financiers parisiens chargés de l'enquête dite « des biens mal acquis » ciblent l'entourage du président congolais, signale l’Agence France Presse (AFP).
Lors d'une visite officielle en France en 2013, Denis Sassou Nguesso leur avait certes dénié « le droit » d'enquêter sur le patrimoine de sa famille, vu qu’elle représentait, pour lui, une entorse au principe de non-ingérence. Mais les juges Roger Le Loire et René Grouman ont décidé de poursuivre leur enquête.
Tout comme le Gabonais Omar Bongo, décédé depuis, et les Obiang, le président du Congo et sa famille sont visés depuis 2009 par une enquête sur leur patrimoine français, ajoute l’AFP. Elle a été déclenchée par une plainte de l'association Transparency International (TI) qui le soupçonnait « d'avoir détourné, à son profit et au profit de sa famille et de son clan, une partie substantielle de la rente pétrolière » du pays d'Afrique centrale.
La semaine dernière, une quinzaine de véhicules de luxe ont été saisis à Neuilly-sur-Seine, chez des membres de sa famille, ont annoncé à l'AFP des sources proches de l'enquête.
Les enquêteurs avaient déjà mené une perquisition, le 3 octobre 2014, dans un triplex de 300 m2 à à Neuilly-sur-Seine, dont ils sont convaincus que « les réels propriétaires », dissimulés derrière des sociétés civiles immobilières (SCI), sont un couple de la famille, a-t-on ajouté.
Parmi les autres objets saisis durant la dernière perquisition, selon un inventaire dressé à l'AFP par une source proche du dossier: bijoux, montres, parfois serties de pierres précieuses, vêtements de marque pour certains encore munis de leur étiquette de prix s'élevant à plusieurs milliers d'euros. Mais aussi des factures d'achats de vêtements pour plus de 1,3 million d'euros entre février 2010 et janvier 2011.
Quand ils ont demandé à une occupante de l'appartement d'ouvrir une valise cadenassée, les enquêteurs y ont trouvé des liasses de billets en coupures de 100 ou 200, pour plus de 250.000 euros, et près de 150.000 dollars, rapporte la source.
Les enquêteurs auraient saisi dans le triplex de Neuilly des ordres de transfert de fonds du Trésor de Brazzaville vers diverses sociétés pour un montant de plus de 20 millions d'euros entre juin 2010 et juillet 2012.
L'écheveau de sociétés est complexe, mais les enquêteurs s'appuient notamment sur des signalements de la cellule antiblanchiment de Bercy, Tracfin. Ils s'intéressent par exemple à ces virements d'un armateur congolais "au bénéfice de sociétés d'aviation privée", d'un parc de loisir, de restaurants ou de traiteurs chics parisiens, rapporte une source proche du dossier.
En juillet, Tracfin s'étonnait aussi des 18 millions versés entre 2012 et 2014 à des architectes d'intérieur par des entités publiques congolaises. Ce qui pourrait relever du "recel de détournement de fonds publics", selon Tracfin qui a recommandé à la justice de s'intéresser aussi à divers achats immobiliers à Paris réalisés par des ressortissants congolais, tel cet "avocat international proche du président congolais Denis Sassou Nguesso", gérant de deux SCI, rapporte la source, toujours citée par l’AFP.