Leur rencontre est la première organisée par la présidence bulgare du Conseil de l'Union, à qui a été confiée la lourde tâche de finaliser d'ici le début de l'été un accord dans ce dossier enlisé depuis plus d'un an et demi.
"L'objectif fixé par les chefs d'Etat et de gouvernement est clair: d'ici juin, nous devons avoir un accord politique", a rappelé à son arrivée le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière.
Mais "ce sera difficile et la question d'une juste répartition (des demandeurs d'asile, ndlr) est la plus difficile" a-t-il admis, en référence au débat sur les quotas de réfugiés qui divise l'UE depuis près de trois ans.
Le question des quotas est liée à la refonte en chantier du "règlement Dublin", qui désigne quel pays européen a la responsabilité de traiter une demande de protection. Ce dispositif décrié la confie aujourd'hui presque toujours aux pays de première entrée, faisant peser une charge démesurée sur des pays comme la Grèce et l'Italie.
D'où l'idée, proposée par la Commission européenne, de partager l'accueil par des quotas de "relocalisation" qui ne seraient déclenchés que dans des situations de crises comparables à celle de 2015, quand 1,26 million de personnes ont demandé l'asile dans l'UE.
Le principe est soutenu notamment par Berlin, Rome ou Athènes, mais il fait l'objet d'un rejet catégorique par d'autres pays, en particulier ceux du groupe de Visegrad (Hongrie, Slovaquie, Pologne, République tchèque).
"Les quotas ne sont pas une bonne chose", a répété jeudi à Sofia le ministre de l'Intérieur slovaque, Robert Kalinak, pour qui "nous avons besoin d'inventer quelque chose d'autre".
Le nouveau ministre autrichien de l'Intérieur Herbert Kickl, issu du parti d'extrême droite FPÖ, s'est rangé dans son camp. "Je ne suis pas un ami des mesures de relocalisations, si elles sont prises sans l'accord explicite des Etats membres", a-t-il déclaré devant la presse.
Les adversaires des quotas estiment que la solidarité européenne doit se traduire d'une autre manière, notamment financière. Et ils demandent de mettre l'accent sur la politique extérieure de l'UE, pour éviter les arrivées illégales sur le territoire européen.
La solidarité "ne peut pas être interprétée différemment" par les pays de l'UE, a toutefois insisté jeudi le commissaire européen en charge des migrations, Dimitris Avramopoulos, appelant à "sortir de cette impasse".
Futur incertain
Le commissaire grec a fermement contesté l'idée d'un "échec" des quotas de réfugiés qui ont été en vigueur entre septembre 2015 et septembre 2017, l'un des principaux arguments des détracteurs d'une telle mesure pour l'avenir.
Malgré l'absence de consensus, l'UE avait adopté en 2015 un plan de "relocalisations" de demandeurs d'asile depuis l'Italie et la Grèce, incluant des quotas obligatoires d'accueil portant sur 120.000 personnes.
Cette exception provisoire aux règles de Dublin, qui concernait surtout des Syriens et des Erythréens, n'a permis d'en répartir qu'environ 33.000 et plusieurs pays de l'Est ont refusé frontalement de l'appliquer. Mais pour la Commission, le décalage avec les objectifs initiaux du plan résulte surtout de la forte chute des arrivées sur les côtes européennes.
Elles ont en effet nettement reculé. D'abord en 2016 sur les côtes grecques, après un accord controversé avec la Turquie, puis en Italie à partir de la mi-2017, via notamment une collaboration elle aussi décriée avec les autorités libyennes.
La situation a changé "mais nous ne savons pas ce que le futur nous réserve", a prévenu M. Avramopoulos, appelant les Européens à rapidement mettre en place un système "solidaire" pour être prêts en cas de nouvelle crise.
Pour sortir de l'impasse sur les quotas, le ministre allemand de l'Intérieur a suggéré jeudi de boucler dans un premier temps d'autres volets moins conflictuels de la réforme de l'asile, qui vise aussi à harmoniser le patchwork des procédures d'accueil dans les pays de l'UE.
"Alors il pourrait y avoir des progrès", a estimé M. de Maizière.
Avec AFP