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Les Algériens aux urnes pour des élections locales sans grands enjeux


Le président algérien Abdelaziz Bouteflika lors d'une cérémonie à Alger, le 28 avril 2014.
Le président algérien Abdelaziz Bouteflika lors d'une cérémonie à Alger, le 28 avril 2014.

Quelque 22 millions d'Algériens sont appelés à voter jeudi, sans enthousiasme apparent, pour désigner leurs élus communaux et départementaux, à l'issue d'une campagne atone dénuée d'enjeux significatifs.

Une cinquantaine de partis politiques et quatre alliances, auxquelles s'ajoutent de nombreuses listes indépendantes, s'affrontent pour les sièges des 1.541 assemblées populaires communales (APC, conseil municipal) et des 48 assemblées populaires de wilaya (APW, conseil départemental).

Les bureaux de vote doivent ouvrir à 08H00 locales (07H00 GMT).

Seuls le Front de libération nationale (FLN), au pouvoir depuis l'indépendance en 1962, et son allié du Rassemblement national démocratique (RND) disposent d'une assise nationale. Quant aux principaux partis d'opposition, ils n'ont pu présenter des listes que dans moins de la moitié des communes.

Ces mouvements ont en outre dénoncé des obstacles bureaucratiques à la constitution et à l'enregistrement de ces listes dans certaines préfectures.

Quelque 165.000 candidats, répartis sur plus de 10.000 listes, briguent malgré tout un siège au niveau communal et environ 16.600 --sur plus de 600 listes-- au niveau départemental, selon les chiffres officiels.

Une pléthore de candidats qui contraste avec le peu d'engouement affiché par les électeurs.

- 'Par devoir' -

Certains, comme Saïd Mohamedi, 65 ans, iront voter "par devoir, mais sans conviction". "A chaque élection on nous promet un changement (...), on attend toujours", explique-t-il.

D'autres ont assuré qu'ils ne se déplaceraient pas: "je ne vais pas voter. Cela ne sert strictement à rien. Les choses ne changeront pas", affirme Mohamed, chômeur de 30 ans. Pour Brahim, maçon de 45 ans, les candidats "c'est tous les mêmes +Moussa Hadj, Hadj Moussa+" (blanc bonnet, bonnet blanc).

Les différents partis ont, semble-t-il, pris conscience du peu d'intérêt suscité par une campagne peu animée, multipliant durant les derniers jours les appels aux urnes.

Les législatives de mai ont déjà été marquées par une très forte abstention: seuls 35,37% des électeurs s'étaient déplacés, contre 42,9% cinq ans auparavant.

La participation aux élections locales de novembre 2012 avait été elle de 44,27%.

"Le taux de participation aux élections locales est toujours plus élevé que celui des législatives", affirme à l'AFP le sociologue Nacer Djabi. Selon lui, on peut s'attendre une participation "semblable" à celle des précédents scrutins.

- 'Les femmes feront mieux'? -

La campagne s'est surtout concentrée autour de considérations comme "la situation économique difficile, (...) la loi de finances 2018 et l'élection présidentielle" de 2019, avec la candidature attendue d'Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat, a déclaré à l'AFP Belkacem Benzenine, chercheur au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) d'Oran.

"Les questions relatives au développement local, au rôle des collectivités locales, n'ont été abordées que superficiellement et de manière monotone", selon lui.

M. Bouteflika, 80 ans et dont les apparitions publiques sont rares -il est très affaibli depuis un accident vasculaire cérébral (AVC) en 2013--, doit voter en fin de matinée à Alger.

Son parti le FLN et l'allié RND devraient l'emporter largement, selon les observateurs.

"Ce n'est pas à travers ce type d'élections (locales) qu'il y a un changement" politique à prévoir, a souligné Nacer Djabi.

"Aux communales, les gens votent pour des considérations d'intérêts (un ami, un membre de la famille, quelqu'un que l'on connaît bien...", a-t-il poursuivi.

Cette année, les femmes représentent 18% des candidats aux assemblées communales et 28% aux assemblées de wilaya, d'après des chiffres officiels.

Depuis 2012, la loi algérienne impose un taux minimum de femmes sur les listes pour les élections législatives et locales, qui atteint jusqu'à 40% selon les régions et les Assemblées.

Grâce à cette loi, durant la dernière mandature, 16,5% des élus municipaux et 29,7% des élus départementaux étaient des femmes (contre respectivement 0,76% et 6,9% en 2007), selon le ministère algérien de l'Intérieur cité par l'agence d'Etat APS.

"Je ne sais pas qui se présente mais je voterai pour le parti qui a le plus de femmes", a assuré Fatma Zohra, femme de ménage de 58 ans. "Jusqu'à présent on a eu des hommes et ils n'ont rien fait, peut-être que les femmes feront mieux", a-t-elle ajouté.

Avec AFP

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