Cette "Marche pour la vie" à Washington se déroulera six jours après que des millions de femmes ont manifesté en Amérique et dans le monde pour avertir Donald Trump qu'elles comptaient défendre leurs libertés fondamentales.
La "Women's March" (Marche des femmes) a incontestablement réussi une démonstration de force. La "March for Life", qui se présente comme le plus grand événement mondial contre l'avortement, entend faire de même.
"Beaucoup de gens s'attendent à ce que cela soit la plus grande March For Life depuis longtemps", affirme à l'AFP Chris Gast, de l'association Right to Life of Michigan (RLM).
L'antenne de RLM de la ville de Grand Rapids, dans cette région des Grands Lacs, dépêchera à elle seule 12 autocars, précise-t-il.
Le défilé, pour lequel sont donc attendus des groupes des quatre coins du pays, se déroulera au coeur de la capitale fédérale, une semaine exactement après l'investiture de Donald Trump.
La "Marche pour la vie" marque toutefois un autre anniversaire, considéré comme funeste par ses participants: "Roe V. Wade", l'arrêt emblématique de la Cour suprême qui a légalisé l'avortement en 1973 dans tous les Etats-Unis.
Pour sa 44e édition, le rassemblement annuel se présente sous des nouveaux auspices favorables aux "pro-life", ainsi que se présentent les opposants à l'IVG.
Une proche de Trump en vedette
Ils ont obtenu lundi un gage de fidélité du nouveau président américain, qui a signé parmi ses tout premiers décrets une interdiction de financement des ONG internationales qui soutiennent l'avortement.
Les pro-life devraient bientôt obtenir un autre motif de satisfaction: Donald Trump nommera le 2 février au neuvième siège de la Cour suprême un magistrat qu'il a promis de choisir parmi les opposants à l'avortement.
Si la "Marche pour la vie" se veut indépendante et ne comptera pas que des partisans de Donald Trump, elle a prévu parmi ses intervenants à la tribune trois élus républicains et, en vedette annoncée, Kellyanne Conway, influente conseillère du nouveau chef de l'exécutif.
Issue d'un milieu catholique, cette mère de famille partagera la scène avec le cardinal Timothy Dolan de New York et d'autres responsables religieux.
Le cortège, qui se réunira sur les pelouses publiques au sud de la Maison Blanche, marchera jusqu'à la colline du Capitole. Il s'arrêtera devant le bâtiment du Congrès, à solide majorité républicaine.
Mais l'objectif des manifestants sera surtout l'édifice en face, la Cour suprême américaine: la gardienne de la Constitution a le dernier mot en matière d'avortement, un débat passionnel qui ne s'est jamais apaisé aux Etats-Unis.
Les participants de la "March for Life" savent que, si Donald Trump se retrouvait en position de nommer un deuxième juge conservateur au cours de son mandat, leur rêve de renverser "Roe V. Wade" pourrait devenir réalité.
Environ sept Américains sur 10 sont toutefois opposés à une annulation de cet arrêt qui a tant fait couler d'encre, a conclu ce mois-ci l'institut Pew Research.
Assauts répétés
En attendant de décrocher ce trophée absolu, les opposants à l'IVG en Amérique mènent une guérilla partout où ils le peuvent, se sentant galvanisés par la nouvelle administration dont certains poids lourds sont pro-life, comme le vice-président Mike Pence et le ministre de la Justice Jeff Sessions.
Selon le Guttmacher Institute, organisme de recherche favorable à l'avortement dont les études font référence, les Etats américains ont adopté de 2010 à 2016 pas moins de 338 législations restreignant les conditions de pratique de l'IVG.
D'où l'inquiétude actuelle des "pro-choice", partisans du droit des femmes à choisir leur contraception et un avortement encadré par la loi. Ils redoutent notamment que le ministre de la Santé, Tom Price, mène des assauts contre le planning familial et le remboursement de la contraception par les couvertures santé.
"Pour restreindre le droit à l'avortement, le Congrès et l'administration Trump disposent de stratégies toutes prêtes qui ont soit déjà été essayées au niveau fédéral, soit inventées dans les Etats", avertit le Guttmacher Institute.
Avec AFP