"Nous ne pouvons pas nous reconnaitre dans cette justice qui méprise la Constitution, les textes internationaux et les droits de la défense", a affirmé Me Antoinette Ouedraogo au nom de tous ses collègues à la sortie du tribunal. Les avocats rejettent la Haute Cour arguant que ses verdicts ne peuvent faire l'objet d'aucun appel ou recours alors que toute décision de justice doit pouvoir être contestée au moins une fois.
La quinzaine d'avocats défendant les 32 ministres du dernier gouvernement du président burkinabè Blaise Compaoré lors de leur procès devant la Haute Cour de Justice pour leur implication présumée dans la répression de l'insurrection populaire d'octobre 2014, ont quitté le tribunal lundi, selon l'AFP.
Créée en 1995 sous le régime de Blaise Compaoré dont elle s'apprête à juger le dernier gouvernement, la Haute cour de justice, restée inactive jusque-là, est la seule juridiction habilitée à juger le chef de l'Etat et des ministres pour des faits commis dans l'exercice de leurs fonctions.
Cette juridiction qui se réunit pour la première fois de son histoire a été réactivée en avril 2015, avec le renouvellement de ses neuf membres, nommés pour trois d'entre eux par le président de la Cour de cassation et six députés par le Parlement.
"Nous étions venus animés de la bonne volonté, déterminés à ce que le peuple sache ce qui s'est passé en 2014. Nous avons demandé une chose qui sont des devoirs, une obligation pour la Haute Cour. Ils l'ont refusée (...) C'est pourquoi nous avons décidé de partir. Ils feront leur justice mais ils la feront seuls", a poursuivi Me Ouedraogo.
Plusieurs spectateurs ont applaudi les avocats alors qu'ils quittaient la salle. Le président a suspendu l'audience sans qu'on sache quand elle reprendra.
Avec AFP