L'ensemble des pays et institutions qui contribuent directement au budget de l'Etat mozambicain ont suspendu leur aide en réponse à la dissimulation d'une dette de 1,4 milliard de dollars par Maputo, a annoncé mercredi le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa.
En visite à Maputo, le chef de l'Etat portugais a précisé qu'il s'agissait d'une "suspension temporaire" et non d'un "arrêt définitif" de la contribution directe au budget de l'Etat mozambicain, estimée à 265 millions de dollars pour 2016.
"Ce n'est pas la même chose d'avoir un +non+ de la communauté internationale qui est durable et définitif, ou d'avoir une suspension temporaire car des éclaircissements sont attendus", a t-il déclaré au cours d'une conférence de presse aux côtés de son homologue mozambicain, Filipe Nyusi.
Les bailleurs qui contribuent au budget mozambicain sous forme d'aide budgétaire directe sont regroupés au sein du "G14", qui inclut 10 pays européens - dont la France - ainsi que l'Union européenne, la Banque mondiale, le Canada et la Banque africaine de développement (BAD).
En avril, le gouvernement avait reconnu au Fonds monétaire international (FMI) avoir dissimulé près de 1,4 milliard de dollars de dette contractée en 2013 et 2014 par des entreprises à capitaux publics et destinée à financer l'achat d'embarcations militaires et de matériel de défense.
Depuis le FMI, la Banque mondiale et le Royaume-Uni ont décidé de suspendre leurs prêts ou contributions, dans l'attente d'explications de la part de Maputo.
La suspension annoncée mercredi concerne l'aide directe au budget du gouvernement mozambicain mais ne devrait pas remettre en cause les programmes de coopération.
Néanmoins, "les conséquences sont très sérieuses pour l'Etat, qui va devoir faire des coupes dans plusieurs secteurs", a réagi l'économiste mozambicain Joao Mosca, interrogé par l'AFP.
Le Mozambique, qui fait partie des dix pays les plus pauvres du monde selon le FMI, reste très dépendant de l'aide internationale, qui représente 25% de son budget.
Le pays pourrait se retrouver un peu plus fragilisé à l'heure où son économie est déjà durement touchée par la chute du cours des matières premières et une forte dévaluation de sa monnaie, le metical.
"Le reste de l'année 2016 va être très compliqué car les nouvelles études et les renégociations avec le FMI et les bailleurs de fonds vont prendre plusieurs mois", craint M. Mosca.
Avec AFP