Quelque 156 millions de Brésiliens sont appelés à voter ce dimanche dans les 26 Etats du pays et le district fédéral. Au premier tour, environ 32 millions (21%) ne se sont cependant pas déplacés. Ces abstentionnistes ont été un des enjeux de ce second tour car seulement 6 millions de voix séparaient les deux finalistes au soir du 1er tour.
La campagne du second tour s'est achevée samedi avec les derniers rassemblements menés par Lula et Bolsonaro, tous deux dans le sud-est, et la divulgation d'un ultime sondage où le président sortant d'extrême droite réduit son retard face au candidat de gauche, à la veille du vote.
Selon l'institut de référence Datafolha, l'ancien président (2003-2010) l'emporterait à 52% contre 48%, avec une marge d'erreur de +/-2 points. Un précédent sondage de Datafolha jeudi donnait 6 points d'avance à Lula (53%-47%).
"Je pense qu'on va gagner", a dit Lula, 77 ans, à Sao Paulo, le plus grand collège électoral du Brésil, promettant de "ramener ce pays à la normale" devant des milliers de partisans vêtus de rouge qui lançaient des "Sortez Jair !"
Lula s'en est pris à son adversaire qui "n'a aucune limite pour raconter des mensonges" et "n'a pas les conditions psychiques pour gouverner un pays de la taille du Brésil".
Au milieu des soutiens venus effectuer une "marche pour la victoire", Adriano Araujo, un ingénieur civil de 39 ans, a dit être "venu pour (se) battre pour la démocratie et un pays meilleur".
Lula cherche à revenir au pouvoir après avoir dirigé la première économie d'Amérique latine entre 2003 et 2010 et avoir été emprisonné pendant 18 mois pour corruption, avant que ses condamnations ne soient annulées par la justice.
"Valeurs"
Plus tôt dans la journée, à la tête d'un cortège de motards à Belo Horizonte, capitale de l'Etat du Minas Gerais, Jair Bolsonaro s'est également dit "confiant dans la victoire".
Entouré d'un imposant service de sécurité rapprochée, il a défilé devant ses soutiens habillés de jaune et vert, les couleurs du drapeau brésilien, qui scandaient "Mito, Mito" (Mythe, son surnom).
Fabricia Alves, 36 ans, dirigeante d'une micro-entreprise, se dit "sûre" aussi que son champion va gagner, et le soutient pour sa politique économique et "pour les valeurs" de la famille qu'elle considère comme non-négociables.
"Je ne suis pas favorable à l'avortement ni à la théorie du genre, qui est ce que l'autre parti veut imposer", explique-t-elle.
Dans un pays où l'interruption volontaire de grossesse n'est autorisée que dans de rares exceptions, Lula a pourtant répété à maintes reprises, comme récemment devant des responsables d'Eglises protestantes évangéliques, qu'il était "personnellement contre l'avortement".
Mais les fausses informations sur les réseaux sociaux ont émaillé toute la campagne.
Vendredi, lors du dernier débat télévisé à couteaux tirés où ont fusé les insultes ("bandit", "déséquilibré"), les deux protagonistes se sont accusés de "mentir", sans exposer leurs projets pour le pays à taille continentale de 215 millions d'habitants.
"Un antidébat, sans la moindre nouveauté qui puisse changer la donne", a estimé le chroniqueur politique Otavio Guedes sur la chaîne Globonews.
"C'est la démocratie"
Dans la capitale Brasilia, les partisans des deux candidats ont également défilé dans les rues. La première Dame Michelle Bolsonaro a pris part à bord d'une Jeep de l'armée à la caravane des "Femmes avec Bolsonaro" qui, selon un photographe de l'AFP, a rassemblé une centaine de voitures.
Dans cette dernière ligne droite, Jair Bolsonaro s'est félicité de la lente reprise de l'activité, avec la récente baisse de l'inflation et la diminution du chômage qui s'élevait à 8,7% en septembre.
Et "ceci avec une pandémie et une guerre qui affecte toute l'économie mondiale (...) Il y a encore beaucoup à faire", a-t-il écrit sur son compte Twitter.
Le vote est obligatoire au Brésil mais l'amende de 3,5 réais, environ 0,50 euro, est peu dissuasive.
Le décompte final des voix pourrait être serré dimanche soir et accroître la tension et la polarisation dans le pays.
Jair Bolsonaro, qui a longtemps menacé de ne pas reconnaître le verdict des urnes, et qui a reçu vendredi le soutien de l'ex-président américain Donald Trump, a apparemment tempéré sa position à l'issue du débat.
Alors qu'on lui demandait s'il accepterait une éventuelle défaite, il a déclaré : "celui qui a le plus de voix gagne. C'est la démocratie".