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Les communautés autochtones s'opposent à l'exploitation industrielle de la forêt camerounaise


Les écorces d’un arbre aux vertus thérapeutiques destinées au commerce, à Iboti (littoral), le 19 octobre 2020. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Les écorces d’un arbre aux vertus thérapeutiques destinées au commerce, à Iboti (littoral), le 19 octobre 2020. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Les populations des zones forestières du département du Nkam dans la région du Littoral craignent de ne plus pouvoir exploiter les produits forestiers autres que le bois. Elles s’inquiètent de l’impact que pourrait avoir l’exploitation d’un vaste massif forestier appelé forêt d’Ebo.

Les produits forestiers "non ligneux" désignent toutes les matières biologiques à l’exception du bois qu’une communauté tire de la forêt pour se nourrir, se soigner ou à des fins commerciales. Dans le petit village Mamba, situé dans l’arrondissement du Nkam à plus de 80 kilomètres de Douala, les produits forestiers non ligneux entrent dans le quotidien des habitants.

Des jeunes comme Samuel Youmba tirent des ressources de la forêt depuis plus d'une décennie. "Les produits forestiers nous aident ici pour se faire soigner, comme des écorces, nous n’avons pas les moyens pour faire l’exploitation forestière mais je sais que quand je suis malade, il y a un arbre jaune qui soigne la fièvre", explique-t-il.

L’utilité de la forêt du village Mamba est aussi capitale pour Pierre Claver Mbede. Ce jeune cultivateur confie à VOA Afrique qu’il "exploite tout dans cette forêt, nous n’avons pas trop besoin d’aller nous faire traiter à l’hôpital, nous avons des écorces à gauche et à droite par rapport à notre santé".

Les épices, les huiles essentielles, le rotin, les bambous, les champignons, la production piscicole dans les forêts marécageuses et les mangroves sont autant de produits forestiers non ligneux que l’on retrouve dans les forêts du département du Nkam.

Un sac d’écorces thérapeutique à 9000 FCFA

Le long de la route qui mène vers le village Iboti à plus de 330 km de Yaoundé, une activité commerciale florissante de certaines écorces aux vertus thérapeutique emploie les jeunes du village à l’instar d’Etienne Moundi.

Ce dernier voit d’un mauvais œil une exploitation agro-industrielle de leur forêt.

"Les jeunes ne sont pas favorables à l’implantation d’une unité forestière d’aménagement (UFA), car partout où l’UFA s’est implantée, elle n’a pas laissé de très bonnes choses là-bas", soutient-il.

Etienne, qui est rentré s’installer dans son village depuis 2017, ne manque pas de prendre le contrepied de son chef de village qui se montre favorable à une exploitation forestière.

Pour lui, le jeune Moundi, les produits forestiers non ligneux sont un héritage culturel à perpétuer. "Nous sommes nés ici, nos parents nous ont fait grandir avec les ressources de cette forêt et nous aussi on exploite ces ressources pour envoyer nos enfants à l'école", soutient-il.

Le département du Nkam est l’un des plus enclavés du Cameroun. Les autorités traditionnelles, les élites et les autres communautés se déchirent au sujet des projets de conservation des forêts ou de leur exploitation par les agro-industries dans ce département.

Jean Titil, un notable dans le canton Indikbiakat dans le département du Nkam, semble plus susceptible et se montre favorable à la conservation de la biodiversité.

"Ce qu’on entend ne nous rassure pas, on dit que les plantations, les champs seront pris, les gens ont peur qu’une unité forestière d’aménagement s’installe ici donc il faut que ces gens viennent nous consulter, et on écarte les sites sacrés, les anciens villages du domaine d’exploitation", explique-t-il.

Joseph désiré Messina, notable dans le village Mamba, soutient plutôt l’idée de développement. "Nous voulons la route et les ponts avant toute exploitation forestière de la forêt de Mamba, Ebo. On n'a rien, pas d'écoles, pas d'hôpitaux, pas d’eau courante et comment vous allez considérer ce village?", s'interroge-t-il.

Les villes de Douala et de Yaoundé, sont les deux gros marchés de vente des produits forestiers autres que le bois au Cameroun. Selon les chiffres de la FAO, les semestrielles sont estimées à plus de 100 millions de francs CFA.

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