Les données de l’étude ont permis de constater que l’impact des mesures socio-économiques prises par le gouvernement contre la pandémie a été très faible au sein de cette communauté. Elle a dû prendre des initiatives endogènes pour faire face à la pandémie.
Quant à l’apport extérieur, il est venu du projet Citizen Voices for Change (CV4C) par lequel plusieurs leaders communautaires ont été sensibilisés au coronavirus avec pour mission de porter à leur tour le message des mesures barrières auprès des populations autochtones.
"Les communautés n’étaient pas habituées à gérer ce genre de situation, il fallait des sensibilisations pour les amener à comprendre le nouveau système de vie", confie à VOA Afrique André Awouma, l’un des bénéficiaires de la formation et leader communautaire à Djoum, dans la région du Sud, à plus de 276 km de Yaoundé, où l’on retrouve les Baka, l’un des peuples autochtones du Cameroun.
"Il a fallu l’intervention de nos partenaires pour avoir le matériel à mettre à leur disposition tels que : les cache-nez, le savon en grande quantité, des seaux à robinet pour se laver les mains", explique-t-il.
Mais le gouvernement a aussi joué sa partition à travers les services d'action sociale dans la centaine de communes abritant les peuples autochtones.
"On a mis à leur disposition des kits sanitaires parce que ce sont des populations qui vivent en vase clos et donc, il faut que dans les interactions avec les autres communautés on s’assure que les mesures barrières sont respectées", martèle Henri Nyambi III Dikosso, directeur de la solidarité nationale et du développement social au ministère des affaires sociales.
Dans le village de Dimpam situé dans l’arrondissement de Mindourou, région de l’Est à plus de 290 km de Yaoundé, Delphine Awou, une femme Baka reconnait "qu’une équipe médicale qui est passée au village, on nous disait seulement de laver les mains, ils n’ont pas eu à nous faire des tests".
Solutions endogènes
Point focal de lutte communautaire contre le coronavirus dans son village, Delphine affirme que "les Bakas ont aussi utilisé leurs propres mesures barrières venant de leur tradition à savoir les herbes, les feuilles et autres".
Le recours des populations autochtones aux connaissances et pratiques traditionnelles s’est généralisé durant la pandémie, souligne Romuald Ngono du centre pour l’environnement et le développement.
"Dans chaque communauté, il y a eu des anciens qui sont retournés vers la forêt, avec l’esprit de la forêt qu'ils appellent 'Edjengui', qui disent-ils, a été d'un grand apport dans la préparation du médicament, c'était des solutions à base d’écorces, de plantes et d'autres secrets", relate Romuald Ngono.
Vulnérabilité économique
Toutefois, au regard de leurs conditions de vie et d’extrême pauvreté, la vulnérabilité économique des populations autochtones au coronavirus s’est vite fait ressentir dans les 17 villages sillonnés par Romuald Ngono, auteur d’une étude sur la résilience des peuples autochtones du Cameroun au Covid-19. "Tout ce qui est produit de première nécessité, savon, huile, sel médicaments mêmes, ça a connu une hausse considérable", révèle l’étude.
A ce jour, aucun cas de nouveau coronavirus n’a été officiellement enregistré au sein des 5 grands groupes de peuples autochtones du pays que sont les Baka, les Bagyeli, les Bakola, les Bedzang et les Mbororos.
