Le cas de Kimpandzou 1, dans le district de Mbandza Ndounga, incendié dans la nuit par les ninjas.
Ces derniers avaient d’abord évacué tout le village, obligeant les habitants à errer dans les forêts.
"C’est vers 23 heures que les ninjas sont venus nous dire de quitter le village. Nous avons fui dans la forêt, d’où nous apercevions comment le village était transformé en brasier", témoigne André Mayela, à la tête d’une importante famille de sinistrés.
Il dit avoir tout perdu. Il est arrivé à Brazzaville pour se mettre à l’abri des violences.
Elisabeth Loukou est une mère paralytique, originaire du district de Mbandza Ndounga.
Elle a perdu son très tricycle dans la fuite des violences.
Après avoir passé de durs moments dans la forêt, transportée par sa sœur, elle est aujourd’hui hébergée par son beau-fils à Brazzaville.
"Depuis que je n’ai plus de vélo, je ne sais plus comment me promener pour chercher la nourriture. Je suis quand même une personne, je dois me mouvoir", se plaint-elle.
A Brazzaville où ils sont arrivés, les déplacés du Pool doivent se battre pour survivre.
L’assistance humanitaire des pouvoirs publics se fait attendre. Les agences des Nations Unies peinent à collecter les fonds (12 milliards de francs CFA) pour venir en aide aux sinistrés du Pool. Entre-temps, ces infortunés souffrent.
"Nous dormons à même le sol et d’un seul côté. Nous passons toutes les journées à rechercher du bois de chauffe dans les périphéries de la ville, à nos risques et périls. Nous le revendons pour nous nourrir. Mais ce n’est pas suffisant, vu les efforts déployés et les besoins que nous exprimons. Nous souffrons", indique Antoinette Bavouidibio, venue du village Kimpandzou.
Les familles d’accueil n’en peuvent plus, malgré leur volonté de recevoir les parents en détresse. Mais leur appel à l’aide est souvent sans échos.
"Il faut qu’ils mangent tous les jours, et nous ne pouvons pas leur assurer ça. C’est vraiment très difficile pour nous", affirme un habitant de Brazzaville ayant accueilli des parents chez lui.
Selon la société civile locale, les sinistrés du Pool arrivent toujours.
L’activiste Gaspard Mienantima les recense souvent dans les quartiers sud de Brazzaville.
"L’enregistrement que nous avons organisé est très partiellement et nous n’avons pris en compte que des grandes personnes. Nous sommes déjà à plus de 2500 personnes. Et ils arrivent toujours, très infernal", dénonce-t-il.
Pour soulager les souffrances de ces populations, un comité d’ONG locales a été mis en place. Il compte intervenir pour le compte de plus de 138.000 déplacés, dont nombreux le sont à l’intérieur du Pool. Faute de moyens, ce comité d’ONG lance un SOS auprès de la communauté nationale.
"Charité bien ordonnée commence par soi-même. En attendant le geste de la communauté internationale, nous avons pris contact avec les communautés catholique, protestante, kimbanguiste, salutiste, nguziste, les églises de réveil, les entreprises privées pour qu’elles nous accompagnent dans cette action d’assistance des sinistrés du Pool", explique Dr Alex Nzaba Wayibicka.
Le président Denis Sassou N’Guesso a récemment appelé le pasteur Ntumi et ses miliciens ninjas à se rendre à la justice congolaise, afin d’abréger les souffrances des populations du Pool.
Ngouela Ngoussou, correspondant à Brazzaville