Pionnière du Printemps arabe en 2011 avec le soulèvement qui a conduit à la chute de la dictature, la Tunisie fait face à de sérieux défis pour redresser son économie et répondre aux attentes sociales de la population alors que le chômage atteint 15,4%.
Elle a obtenu un prêt du Fonds monétaire international (FMI) en promettant de mener de vastes réformes, mais ces derniers mois le débat politique se focalise davantage autour du maintien ou pas du Premier ministre.
Des formations politiques dont une branche du parti présidentiel Nidaa Tounès, et la puissante centrale syndicale UGTT, réclament son départ, arguant de son incapacité, selon elles, à résoudre les difficultés économiques.
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L'un des partisans les plus vocaux d'un départ de M. Chahed est le numéro un de Nidaa Tounès dont il est issu, Hafedh Caïd Essebsi, fils du chef de l'Etat à qui la presse prête des ambitions pour la présidence.
Le président Béji Caïd Essebsi avait lui même évoqué mi-juillet la piste d'une démission de M. Chahed, soutenu par le mouvement d'inspiration islamiste au pouvoir Ennahdha.
"La lutte entre les pro et les anti-Chahed continue de battre son plein" et "l’incertitude autour de la poursuite de la mission du gouvernement Chahed contribue à paralyser l’action publique", relève l'ICG dans un rapport.
Pour la France et l'Union européenne qui "voient en Chahed une personnalité politique dynamique en mesure d’honorer les engagements de la Tunisie envers ses bailleurs de fonds", cette instabilité politique "retarde la mise en place des réformes", note le centre de réflexion.
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La centrale syndicale qui réclame fortement le départ de Chahed est "la principale responsable du blocage des réformes économiques, de la fragmentation de la chaîne de commandement au sein de l'administration publique et de l’explosion des revendications salariales corporatistes", ont estimé des diplomates et experts d'organisations internationales, rapporte l'ICG.
Si "les tensions politiques et sociales s’intensifiaient au cours des prochains mois, la formation d’un gouvernement dit de +technocrates+ pourrait constituer, en dernier recours, une solution provisoire de nature à renforcer la confiance à l’égard des institutions", poursuit l'ICG.
Mais rappellent les analystes, pour le citoyen ordinaire, le départ ou non de M. Chahed est "secondaire": "L’urgence est que les partis politiques montrent qu’ils ont retrouvé le sens de l’Etat"
Avec AFP