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Les "dreamers" font la queue pour prolonger leur sursis migratoire


Une étudiante dépasse une affiche du programme DACA (Deferred Action for Childhood Arrivals) à Berkeley Californie, 7 septembre 2017.
Une étudiante dépasse une affiche du programme DACA (Deferred Action for Childhood Arrivals) à Berkeley Californie, 7 septembre 2017.

Melissa Garcia est arrivée aux Etats-Unis dans les bras de sa mère quand elle avait trois ans, au terme d'une périlleuse traversée dont elle a presque tout oublié pour arriver dans le pays qu'elle considère aujourd'hui comme le sien.

Elle fait partie des milliers de jeunes sans-papiers arrivés enfants sur le territoire américain à risquer de se retrouver plongés dans la clandestinité avec la fin annoncée du programme Daca, qui leur donnait un statut légal temporaire.

"Avec le Daca j'ai pu sortir dans la rue sans avoir peur d'être déportée", raconte à l'AFP la jeune femme de 23 ans, qui travaille dans une boutique et s'inquiète de son avenir.

Sa mère Leticia lui a longtemps caché son statut migratoire. "Je voulais que son frère et elle aient une enfance normale", justifie cette femme de 43 ans, elle aussi sans-papiers.

Donald Trump a annoncé le 5 septembre la fin du Daca, donnant la possibilité à ceux qui avaient un permis expirant dans les six mois de demander une dernière extension. Ils avaient jusqu'à jeudi pour le faire.

Le compte-à-rebours vers le retour aux limbes juridiques est déjà commencé pour ceux dont le Daca expire à partir du 6 mars: eux se retrouveront automatiquement sans statut dès ce moment-là.

"Pour le 5 mars, (l'autorité migratoire doit avoir) étudié toutes les demandes" d'extension du Daca, explique Luis Perez, directeur des services juridiques de l'association Chirla, qui aide les sans-papiers à préparer leur dossier avant de les envoyer au gouvernement.

Quelque 150.000 demandes vont devoir être étudiées d'ici mars.

D'autres associations de défense des immigrés organisent également des opérations massives pour assister les "dreamers" dans leurs démarches.

Melissa a fait les siennes la semaine dernière par l'intermédiaire de Chirla.

Pressentant de longues files d'attente, elle est arrivée dès 3H00 du matin devant les locaux de l'association, accompagnée de sa mère et de son petit chihuahua, blotti dans son sac.

Beaucoup s'étaient déjà installés, certains avec chaises pliantes et thermos de café, dont Bryan Solis.

Cet étudiant de 20 ans dit avoir pu grâce au Daca trouver un crédit et un travail légal pour financer ses études.

- Peur de tout perdre -

Lui aussi a passé la frontière depuis le Mexique à travers le désert avec sa mère, lorsqu'il n'avait que sept ans. "Ca, c'est une marque qui me reste d'une coupure que je me suis fait" pendant ce dangereux voyage, dit-il en montrant son front.

Dans la queue, tous les "rêveurs" se sentent américains, malgré leur situation migratoire irrégulière.

"J'ai pu bâtir une carrière, obtenir un bon travail aux Etats-Unis, le seul pays que je considère ma patrie", assure Pablo Gomez, qui travaille comme conseiller hypothécaire pour la banque Wells Fargo.

"J'ai peur de perdre tout ce que j'ai construit, je prie Dieu pour que tout ça se résolve", confie Jesús Cervantes, représentant dans une société de pneus.

La décision de Donald Trump a forcé le Congrès américain à rouvrir le débat sur une réforme migratoire, après que des propositions de lois aient échoué sur des blocages politiques en 2001, 2006 et 2013.

"J'attends une loi sur les Dreamers" qui transformerait le Daca en loi, pour que moi et tout le monde dans cette queue nous puissions enfin savourer le rêve américain", conclut, en larmes, Abby Garduque.

Lorsqu'on demande à ces jeunes s'ils envisagent la possibilité de retourner dans leur pays d'origine, ils assènent généralement un "non" ferme. On sent leur peur de l'inconnu, parfois mêlé des stéréotypes sur les pays étrangers et notamment le Mexique.

Le frère de Melissa s'est marié avec une américaine, et il bénéficie aujourd'hui d'un statut légal. Leur mère Letitia espère que sa fille pourra à son tour régulariser sa situation.

"Comme ça, si je dois quitter le pays, je partirai contente", conclut-elle.

Avec AFP

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