Recroquevillé derrière son bureau, se rongeant parfois les ongles, Joseph, un gestionnaire des crédits de l’Etat, étouffe visiblement sous l’effet de la crise financière. Le fonctionnaire explique que tous les mandats qu’il a émis vers le Trésor public n’aboutissent pas.
Sur l’ensemble de l’administration sous son contrôle, "l’encre et le papier sont devenus rares".
Pour ce gestionnaire de crédits de l’Etat, "même les bons de carburant ne sont plus validés" pour faire tourner son département.
Les effets de la crise sont également ressentis dans les entreprises locales où les patrons sont au bord de la faillite.
Le chef du patronat congolais, El Hadj Abdoulaye Djibril Bopaka, ne passe pas par le dos de la cuillère pour décrire la situation que vivent les entreprises. La réduction des charges et les licenciements du personnel sont à l’ordre du jour partout.
Le président Bopaka explique que l’argent ne circule plus, et les entreprises commerciales ne vendent plus. "C’est une situation difficile", alerte-t-il.
Mais pourtant, le Congo-Brazzaville, c’était 4.000 milliards de francs CFA de budget annuel, 5% de taux de croissance et 1.000 milliards d’épargne budgétaire en 2013. Comment le pays a basculé dans cette situation ?
Alphonse Ndongo, un analyste économique connu à Brazzaville, explique la chute des cours du pétrole est la principale cause de cette crise. Dans ses manifestations, argue le spécialiste, le Congo n’est plus en droit de faire face à certains engagements.
Pour redresser la compagnie nationale aérienne, Ecair, le Congo passe désormais par un emprunt obligataire, attendant en tout 60 milliards de francs CFA pour voir la société redécoller. "Jamais on pouvait s’attendre que le Congo fasse ce genre d’opération", s’étonne Alphonse Ndongo.
"Il est désormais clair que la solution serait le FMI, sauf si la situation s’améliore d’ici la fin de l’année", conclut-il.
En cette fin de mois, tous les travailleurs qui affluent dans les banques, prient que la crise n’atteint pas les salaires.