La semaine qui commence risque d’être mouvementée dans les différentes facultés de N’Djamena, au Tchad.
Les 72 heures accordées aux autorités rectorales par les enseignants-vacataires du supérieur pour exiger le paiement des arriérés de vacation ont expiré le week-end dernier. Datant de 2016 à 2019 ces vacations se chiffrent à 120 millions de FCFA .
Les vacataires contestent la note circulaire du président de l’université de N’Djamena, suspendant leurs activités.
Cette suspension, selon le président de l’université de N’Djamena, le professeur Mahamat Barka, permettra à l’administration des quatre facultés de responsabiliser les enseignants permanents à l’exception de la faculté de médecine.
Il invite les enseignants vacataires à "prendre leur mal en patience". Car dit-il, "la suspension est temporaire". "S’il y a des heures où on n’arrive pas à pourvoir certaines classes avec les enseignants permanents, on peut faire appel aux enseignants vacataires", assure-t-il.
Le président de l’université de N’Djamena déplore le fait que, dans certaines facultés, aucun enseignant a 100 heures de travail alors que dans les normes, chaque enseignant doit avoir 260 heures par an.
Il cite en exemple, la faculté de gestion, où il y a 70 enseignants pour 600 étudiants. "Dans cette faculté, est-ce qu’on a besoin des vacataires ?", s’interroge Mahamat Barka.
Pour l’un des porte-paroles du Collectif national des enseignants-chercheurs-vacataires du supérieur, Dingamnayal Nabaye Charlot, le régime de vacation a été introduit depuis 1971, date de la création de l’université du Tchad, devenu aujourd’hui l'université de N’Djamena.
Dingamnayal estime qu’il "n’y a pas de meilleure manière de revendiquer son droit bafoué que de se constituer en prisonnier libre. Nous allons laisser leur université, si le président n’a plus besoin de nous, nous allons partir, mais nous avons presté et l’université doit nous payer", réclame-t-il.
"C’est l’injustice, que nous combattons. Nous avons voulu saisir le juge administratif pour excès de pouvoir : malheureusement, nous nous sommes rendus compte que ce n’est même pas un acte administratif", a souligné Dingamnayal Nabaye Charlot.
L’Union nationale des étudiants tchadiens (UNET) estime que cette décision, même si elle est provisoire, a déjà des répercussions négatives sur les activités académiques.
Aserpé Dickréo Amos, président national l’UNET, estime pour sa part que ce sont les enseignants vacataires qui sont en charge des travaux dirigés des étudiants et depuis la reprise des cours, ces enseignants ne sont pas là.
Les étudiants font des contrôles sans passer par les travaux dirigés. Il demande au président de l’université de N’Djamena de revenir sur cette décision.
Au cas contraire, il menace d’appeler la base à une grève de solidarité avec les enseignants vacataires. Parce que selon lui, ce sont les étudiants qui sont les premières victimes de cette situation.
Selon des sources proches du rectorat de N’Djamena, une rencontre d’urgence est prévue ce lundi avec les enseignants et chercheurs du supérieur afin de désamorcer cette crise.