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La guerre en Syrie persiste malgré les efforts de Washington


Le secrétaire d'État John Kerry, participe à un meeting sur la Syrie, à Paris, le 9 mai 2016, avec les représentants de France, Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Arabie Saoudite, Émirats d'Arabes unie, Qatar, Jordanie, Turquie et UE.
Le secrétaire d'État John Kerry, participe à un meeting sur la Syrie, à Paris, le 9 mai 2016, avec les représentants de France, Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Arabie Saoudite, Émirats d'Arabes unie, Qatar, Jordanie, Turquie et UE.

Cessez-le-feu, aide humanitaire et gouvernement de transition en Syrie : le secrétaire d'Etat américain John Kerry cherchera encore la semaine prochaine la bonne formule pour arrêter cette guerre dévastatrice au Moyen-Orient mais la stratégie de Washington est de plus en plus vilipendée.

Le patron de la diplomatie américaine, dont le pays soutient l'opposition syrienne, mise depuis des mois sur la collaboration des Etats-Unis et de la Russie, alliée de Damas, pour faire taire les armes, secourir des millions de Syriens et trouver un règlement politique entre le régime et ses opposants.

Avec son homologue russe Sergueï Lavrov, John Kerry anime ainsi le Groupe international de soutien à la Syrie (GISS) qui a rédigé fin 2015 à Vienne une feuille de route de sortie de crise. Cette ébauche d'accord de paix a été consacrée en décembre par une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU.

Focalisé sur ce conflit pour ses derniers mois à la tête du département d'Etat, M. Kerry entame ce week-end un nouveau tour du monde de deux semaines. Il sera d'abord en Arabie saoudite, qui soutient les rebelles syriens, avant de retrouver mardi à Vienne le GISS.

Ce Groupe de 17 pays et trois organisations internationales -- dont les Etats-Unis, la Russie, l'Arabie saoudite, l'Iran et l'Union européenne -- s'efforcera de "consolider la cessation des hostilités (...) garantir un accès humanitaire dans tout le pays et accélérer la transition politique", selon la diplomatie américaine.

Dialogue de paix gelé

Mais de l'aveu même du porte-parole du département d'Etat John Kirby, "les choses en Syrie ne vont évidemment pas toutes dans la bonne direction".

Le responsable américain a dénoncé le blocage, jeudi, d'un convoi humanitaire destiné à la ville assiégée de Daraya, les "menaces" sur le cessez-le-feu et le fait que le processus de paix inter-syrien, pour l'instant gelé à Genève, n'avait "pas fait de progrès spectaculaire".

"Il reste beaucoup de travail au GISS", a concédé M. Kirby.

Aux yeux de Paris également "il faut accélérer et intensifier le travail", d'abord pour mettre en place au 1er août un organe syrien de transition politique prévu par la résolution de l'ONU.

Mais outre le fait que le sort du président Bachar al-Assad n'est toujours pas tranché, cette échéance paraît de plus en plus illusoire aux diplomates occidentaux à Washington.

"Pas de plan B"

John Kerry avait aussi laissé poindre sa frustration en évoquant il y a des semaines un mystérieux "plan B" des Etats-Unis pour mettre fin au conflit.

Mais il n'en a jamais rien dévoilé de concret.

De fait, "il n'y a pas de plan B pour la Syrie", tacle James Jeffrey, ancien ambassadeur de l'administration républicaine de George W. Bush. Pire, selon lui, "les Russes sont effectivement, au nom de la Syrie et de l'Iran, en train de mener à la victoire".

Depuis mars 2011, ce terrible conflit multidimensionnel a fait plus de 270.000 morts, jeté des millions de personnes sur les routes et provoqué une crise humanitaire majeure dans la région et en Europe.

En réponse, Barack Obama, un grand sceptique de l'interventionnisme militaire, a toujours refusé une implication d'envergure des forces armées américaines dans une autre guerre au Moyen-Orient. Le président a privilégié la diplomatie, tout en ayant monté à l'été 2014 une coalition internationale pilotée par les Etats-Unis pour bombarder les jihadistes de l'Etat islamique.

Les opposants républicains à M. Obama l'ont depuis longtemps tancé pour son absence supposée de stratégie en Syrie. Mais à l'approche du départ en janvier du président démocrate, des critiques fusent dorénavant de son propre camp.

"Notre approche depuis de nombreuses années ne fonctionne pas et ne fonctionnera probablement pas", attaque le diplomate Philip Gordon, qui a quitté il y a un an son poste de conseiller sur le Moyen-Orient à la Maison Blanche.

Expert au centre d'études Council on Foreign Relations et proche de la candidate démocrate à la présidentielle Hillary Clinton, M. Gordon recommande de "remettre à plus tard la question" du départ du président Assad, la principale ligne de fracture entre les puissances mondiales et régionales.

"Nous ne trouverons pas d'accord là-dessus, ni avec le régime, ni avec les Russes, ni avec les Iraniens. Continuer à en faire une condition préalable pour arrêter le conflit, c'est le meilleur moyen de le prolonger", fait valoir le diplomate américain.

Avec AFP

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