En 50 ans d’existence, le trophée tant convoité de la plus grande compétition du cinéma africain échappe toujours aux femmes.
"50 ans sans une seule femme Etalon de Yennenga, c’est grave", lance la productrice et réalisatrice Kady Traoré.
"C’est dû aussi au fait que les femmes ne sont pas assez représentées. Quand on regarde le nombre de réalisateurs par rapport au nombre de réalisatrices, il y a un grand fossé. J’ai constaté que cette année les femmes étaient là. Elles ont eu pas mal de trophées. Le combat reste à mener encore pour l’Etalon", explique-t-elle.
Le critique de cinéma Abraham Bayili n’est pas du même avis, expliquant: "La compétition est ouverte aussi bien pour les hommes que pour les femmes. La plupart des institutions telles que l’Union européenne, l’Organisation internationale de la francophonie… donnent facilement à la gente féminine. Je trouve que c’est un faux débat parce que pour moi, la création artistique n’a pas de sexe".
Pourtant ce problème de financement serait un véritable frein pour les réalisatrices, selon Valérie Kaboré, réalisatrice et productrice.
"Il faut qu’on travaille davantage. Il faut qu’on nous donne aussi la latitude d’être présentes parce que quand il y a une commission par exemple pour se battre et avoir le budget, les hommes, comme ils sont plus nombreux, ont plus de projets. Peut-être que dès le financement s’il y a une discrimination positive, cela peut nous permettre à toutes d’avancer parce qu’on a fait les mêmes écoles".
Pour Aïe Keita Yara, comédienne burkinabè, l’un des problèmes des femmes, c’est qu’elles cèdent vite au découragement.
"Les femmes ne se battent pas assez". J’ai écouté un jour à la radio une réalisatrice qui disait qu’elle n’est pas prête à abandonner son mari et ses enfants pour aller à la recherche des financements. Tu ne peux pas rester sous ton hangar et avoir les financements. Il faut se battre aussi comme les hommes. Je pense que les femmes baissent trop vite les bras".
Pour le palmarès 2019 du Fespaco, les femmes se sont bien comportées en termes de distinctions.
Pour la première fois dans l’histoire du festival, un Etalon d’or de Yennenga a été institué dans la catégorie documentaire. C'est la Burkinabè Aïcha Boro qui l’a remporté avec "Le loup d’or de Balolé".
C’est peut-être pour les femmes une première étape vers le trophée de l’Etalon du Yennenga dans les éditions à venir.