Plus de trois mois après la fermeture des bars et alimentations, les conséquences dramatiques se font ressentir sur plusieurs plans. Les tenanciers de bars ne peuvent plus supporter les charges et commencent à se séparer de leurs employés.
Fidèle Madjitoloum, l’un des tenanciers de bar à N’Djamena, explique que tout est fermé, il ne peut donc pas continuer à garder de la main d’œuvre. Il informe qu’il ne s’est pas encore entendu avec son bailleur et qu’il va "falloir s’asseoir avec lui, pour discuter par rapport à tout ce temps perdu".
D’autres tenanciers qui ont loué leur établissement affirment à VOA Afrique qu’ils ont été plusieurs fois menacés par leurs bailleurs. "Les bars sont fermés parce que c’est la décision de l’Etat", lance Richard Korombaye, propriétaire d’un bar dans un quartier chaud de N’Djamena. En trois mois, il dit avoir perdu énormément.
"Dans mon coin, je faisais de recettes surtout les week-ends; un million et demi par jour. Aujourd’hui, j’ai perdu gros. On a pris le crédit en banque pour tourner avec. Si on dit de relancer nos activités, beaucoup des bars seront fermés”, a déclaré M. Korombaye.
Certains serveurs qui louaient une chambre pour dormir sont expulsés parce qu’ils n’ont plus d’argent pour payer le loyer et d’autres changent de métier pour subvenir à leurs besoins.
Une serveuse avec plusieurs enfants en charge affirme avoir été mise à la porte par son bailleur parce qu’elle n’a pas payé le loyer pendant trois mois.
Comme elle, un jeune étudiant qui n’a pas de tuteur à N’Djamena pratique également ce métier pour sa survie. Avec la fermeture des bars, Il s'est reconverti en ramasseur de sable au bord du fleuve afin d’assurer sa pitance quotidienne. Heureusement, dit-il, son bailleur est compréhensif.
La fermeture des bars et restaurants est un coup très dur pour les veuves qui se prennent en charge à travers la restauration dans ses débits de boissons. Elles vendent généralement de la soupe aux clients.
Fati Olga, une ménagère avec deux enfants en charge fait partie de ces restauratrices. Elle plaide pour que le gouvernement et les partenaires puissent penser aux personnes vulnérables comme les veuves.
"Je sors à 5 heures et demi pour préparer aux clients d’un bar de la place. A 16 heures, je rentre pour me préparer pour le lendemain", explique-t-elle. "Depuis trois mois je ne sais pas ce que je dois faire", se lamente la veuve.