La première équipe gouvernementale dévoilée par le nouveau président sud-africain Cyril Ramaphosa est le fruit, comme il l'a lui-même expliqué, d'un subtil compromis entre "la continuité et la stabilité" et "la nécessité de renouveau".
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Voici quelques-une de ses figures les plus marquantes:
David Mabuza, 57 ans, vice-président
Premier ministre de la province du Mpumalanga (nord-est) depuis 2009, M. Mabusa a fait une entrée très remarquée sur la scène politique nationale en étant élu en décembre à la vice-présidence du Congrès national africain (ANC) au pouvoir.
Surnommé le "chat" pour ses qualités d'habile tacticien, il traîne derrière lui une réputation sulfureuse de jusqu'au-boutiste près à tout, y compris à l'intimidation et à la violence, pour asseoir son autorité. Certains l'accusent même d'avoir ordonné l'exécution d'adversaires, ce qu'il a toujours nié.
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Nhlanhla Nene, 59 ans, ministre des Finances
Economiste de formation, il a été une première fois nommé au portefeuille des Finances en mai 2014 puis nuitamment remercié un an et demi plus tard par l'ex-président Jacob Zuma, accusé à tort d'avoir accepté un poste dans une banque régionale.
Son limogeage au profit d'un proche de M. Zuma a fait dévisser la bourse de Johannesburg et le rand sud-africain, preuve de la confiance qu'il inspire aux marchés et aux investisseurs.
Reconverti depuis au conseil d'administration d'un fonds d'investissement, il a avoué dans la presse n'avoir pu résister à l'appel que lui a lancé le président Ramaphosa.
Pravin Gordhan, 68 ans, ministre des Entreprises publiques
Ses passages au ministère des Finances, de 2009 à 2014 puis de 2015 à 2017, lui ont valu la réputation de "monsieur Propre".
Ancien pharmacien, M. Gordhan incarnait la probité et l'usage compté des deniers publics face à la corruption et au pillage des ressources nationales reprochés à M. Zuma.
Son éviction il y a près d'un an a plongé l'Afrique du Sud dans une grave crise politique. Sa tâche s'annonce particulièrement délicate: remettre d'aplomb les compagnies nationales, premières victimes de la "capture de l'Etat" mis en place par le clan Zuma.
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Nkosazana Dlamini Zuma, 69 ans, ministre de la Planification
L'ancienne (et quatrième) épouse de Jacob Zuma est la grande perdante de la lutte au couteau qui s'est jouée en décembre pour la contrôle du Congrès national africain (ANC) au pouvoir.
Battue d'une courte tête par Cyril Ramaphosa, elle y est apparue comme la seule favorite de son "ex".
Elle est pourtant une technocrate éprouvée qui a détenu plusieurs maroquins ministériels depuis 1994 puis la présidence de la Commission de l'Union africaine (UA) de 2012 à 2017. Elle revient au gouvernement au nom de la nécessaire union de l'ANC.
Malusi Gigaba, 46 ans, ministre de l'Intérieur
Volontiers "dandy", toujours tiré à quatre épingles, il incarne à lui seul la coterie des "survivants" de l'ère Zuma.
Au prix du subtil équilibre politique recherché par le nouveau chef de l'Etat, M. Gigaba quitte le poste stratégique des Finances pour retrouver celui de l'Intérieur qu'il avait occupé de 2014 à 2017.
Décrit par l'opposition comme un des plus proches de la sulfureuse famille d'hommes d'affaires Gupta, au coeur de la plupart des scandales de corruption qui ont terni l'ère Zuma, il avait très récemment pris ses distances avec l'ex-président.