Cette nouvelle mobilisation, proclamée pacifique, s'annonce à hauts risques, trois jours après la mort de trois jeunes, atteints par les balles des services de sécurité selon l'opposition, à l'occasion des funérailles de onze autres personnes elles-mêmes tuées au cours du mouvement trois semaines auparavant.
En tout, au moins 16 civils et un gendarme ont trouvé la mort lors de l'intense contestation à laquelle la Guinée, petit pays pauvre de 13 millions d'habitants, est en proie depuis le 14 octobre à l'instigation du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC).
Des dizaines d'autres personnes ont été blessées, des dizaines arrêtées et jugées.
Une foule considérable a répondu jeudi à Conakry au nouvel appel du FNDC, coalition de partis d'opposition, de syndicats et de membres de la société civile. D'autres rassemblements sont prévus à travers le pays.
Contrairement aux premières manifestations, celles-ci ont reçu le feu vert des autorités.
Le FNDC veut faire barrage au projet prêté au président Condé de briguer sa propre succession en 2020 et de réviser pour cela la Constitution qui limite actuellement à deux le nombre des mandats présidentiels.
A 81 ans, M. Condé entretient le flou sur ses intentions, mais a lancé en septembre des consultations sur la Constitution.
L'opposition accuse de dérive "dictatoriale" l'ancien opposant historique qui fut le premier président démocratiquement élu en 2010, réélu en 2015, après des décennies de régimes autoritaires et militaires.
Les défenseurs des droits de l'Homme dénoncent un usage excessif de la force par le gouvernement, des arrestations arbitraires et une répression visant à réduire l'opposition au silence.
La communauté internationale s'inquiète d'une escalade dans un pays coutumier des manifestations et des répressions brutales.