Les électeurs guinéens se rendent aux urnes dimanche pour décider s’il faut accorder ou non un troisième mandat au président Alpha Condé, au pouvoir depuis 2010.
La présidentielle controversée mettra aux prises, pour la troisième fois, M. Condé, 82 ans, et Cellou Dalein Diallo, 68 ans.
M. Condé est le candidat du Rassemblement du peuple guinéen (RPG). Il est le premier président démocratiquement élu de la Guinée depuis son indépendance arrachée à la France en 1958.
Pour sa part, Cellou Dalein Diallo est le porte-étendard de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG).
Les deux hommes s’étaient déjà affrontés en 2010 et en 2015.
Dix autres candidats sont également en lice, parmi lesquels on compte des anciens ministres et deux femmes.
Pour être élu, un candidat doit remporter plus de 50 % des suffrages exprimés. Un deuxième tour est prévu si aucun des candidats n’obtient la majorité requise.
De nombreuses manifestations ont eu lieu pour dénoncer la candidature du président Condé à un 3e mandat. Côté pouvoir, on argumente que le référendum de mars a remis à zéro le compteur des mandats présidentiels. Des violences ont éclaté à plusieurs reprises dans le pays.
Début octobre, l’ONG Amnesty International a affirmé dans un rapport que la répression des manifestations par le gouvernement a entraîné la mort d'au moins 50 personnes. Pour sa part, le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), une coalition de la société civile, a affirmé qu'au moins 92 manifestants ont été tués depuis octobre dernier. Un décompte rejeté par le ministre guinéen de la sécurité, Albert Damantang Camara.
Selon la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), 5,4 millions d'électeurs ont été enrôlés. La Guinée compte 13 millions d'habitants.
Si des troubles venaient à se matérialiser au lendemain du scrutin, c’est quasiment l’ensemble de la sous-région qui risque de connaître une plus grande instabilité. Aux défis liés aux activités des groupes extrémistes s’ajoutent les incertitudes qui émanent de la Côte d'Ivoire voisine, où la recherche d’un troisième mandat par le président Alassane Ouattara a fait monter la tension d’un cran.
Si les États-Unis ont rompu les liens avec la Guinée après un coup d'État militaire en 2008, les relations se sont normalisées en 2010. Dans une déclaration générale sur les prochaines élections africaines, le Département d'État a récemment mis en garde contre la violence et l'intimidation.