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Les jeunes de Goma, en RDC, se plaignent du coût élevé de la dot


Les jeunes de l’est de la RDC et principalement de Goma, capitale du Nord-Kivu, se plaignent du coût élevé de la dot qui pousse nombre d'entre eux à opter plutôt pour le concubinage.

Comme un peu partout en Afrique, la dot s’accompagne ici des négociations complexes entre les familles de deux fiancés pour une entente sur le montant et la liste des biens à remettre en échange de la fille à épouser.

Elle est établie par la famille de la fiancée à qui la dot et les biens sont en fin de compte remis pour conclure le mariage.

Pour certaines familles, la somme demandée équivaut au niveau d'instruction de la fille. Si celle-ci a fait des études universitaires ou si elle travaille et est salariée, la somme pourrait à coup sûr plus élevée. Ce sont-là des atouts qui constituent une plus-value.

John Mukengere, habitant à Goma, vient de verser la dot à sa belle-famille. Il raconte que le processus n'a pas été chose aisée pour lui.

Sans emploi, ni activité rémunératrice stable, depuis un certain temps, la plupart de jeunes qui aspirent au mariage sont découragés par cette dot coûteuse.

Ils choisissent alors ce qu'ils appellent le "raccourci", c’est-à-dire vivre en concubinage.

Fiston cohabite avec sa conjointe depuis 8 ans, ils ont eu quatre enfants. Lui n'a pas réussi à réunir les 2.000 dollars demandés par sa belle-famille pour formaliser sa relation avec sa compagne.

"Je n'avais pas donné la dot normalement. Je crois que la dot a véritablement perdu sa valeur. C’est devenu un fonds de commerce. On a mis l’accent sur l’argent. La somme qui m'a été demandée, était trop lourde pour moi, je n'ai pas de travail", se plaint M. Fiston.

Pour Bahati, la trentaine, coiffeur dans un salon de Goma, les parents qui ont des filles doivent considérer la dot comme un symbole et non une occasion pour s'enrichir.

"L'affaire de dot est devenue anormale. Moi, je rappelle aux parents qui ont encore des filles sous leurs toits que la dot c'est juste un symbole et non pas une moyen pour s'enrichir en exigeant du future marié une liste interminable de biens hors de portée", soutient M. Bahati, également père de quatre enfants et vivant avec sa compagne en concubinage.

Agapè est âgée d’une trentaine d'années. Elle a vécu 6 ans avec le père de ses 3 enfants, qui l’a ensuite abandonnée.

Elle pense que si la dot avait été versée à sa famille, son ex-mari n’aurait pas agi ainsi. Aujourd'hui, elle prend seule en charge ses trois enfants et regrette le choix qu'elle avait fait.

"La dot donne de la valeur à la femme. Mais le fait de verser une dot exorbitante à la belle famille ne donne pas à l’homme le droit de mal traiter son épouse!" déclare Mme Agapè.

Le souhait de beaucoup à Goma comme dans le pays est d'uniformiser la dot par une loi. Mais avec plus de 400 groupes ethniques comptés en RDC, chacun avec ses propres coutumes, c'est une mission difficile estime Justine Masikade, cadre de la société civile en RDC.

La dot semble pour beaucoup une occasion pour les parents de la fille de se faire rembourser dans une certaine mesure les frais et les dépenses consentis durant l'éducation et la formation de celle qui est proposée en mariage.

Ce qui est un casse-tête pour le fiancé à qui incombe la charge de la payer et qui doit en plus réunir les moyens pour offrir à ses proches et amis ainsi qu’à ceux de sa future épouse des cérémonies souvent somptueuses de mariage, y compris le passage à la mairie et l’accord de l'officier de l'état civil.

Charly Kasereka, correspondant à Goma

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