Les jeunes entrepreneurs s'attèlent à faire progresser le concept de "patriotisme économique" en s’impliquent dans la promotion du “Made in Cameroon".
Le concept, selon ses promoteurs, repose sur un simple constat: le Cameroun importe encore d’importantes quantités de denrées dont les substituts peuvent être produits localement. Or la pandémie du nouveau coronavirus, qui a mis un frein aux importations avec la fermeture des frontières, a démontré la nécessité de consommer local.
"Est-ce que nous allons cesser de vivre s'il manque du blé? Nous avons donc pensé à transformer le manioc", raconte Solange Essengue Ngono, qui s’est lancée dans cette production depuis trois ans.
L'idée gagne du terrain. A ce jour, une centaine de produits sont labellisés “Made in Cameroon", notamment dans l’agroalimentaire, la santé et le cosmétique.
Certains jeunes connaissent des expériences avec succès.
C'est le cas de Thierry Nyamen, promoteur du label Tanty, qui se décline en une vingtaine de produits alimentaires, notamment avec ses céréales infantiles au soja. En 2015, le gouvernement a acheté l’un de ses produits, la bouillie de maïs, à plus de 100 millions de francs CFA, pour nourrir les réfugiés dans l’Extrême-Nord du Cameroun.
Au prix de nombreux efforts, Victorine Nouleu s’est spécialisée dans la conservation alimentaire et parvient elle aussi à valoriser le label "Made in Cameroon". "Nous faisons dans la consommation alimentaire spécialisée dans le séchage des fruits, épices, légumes, infusion et boisson", explique-t-elle.
D’autres jeunes entrepreneurs produisent localement du savon, de l'huile de table raffinée et des laits de toilette.
Dans un pays où le chômage des jeunes reste une préoccupation, les pouvoirs publics se mobilisent pour apporter leur soutien.
Plus de 200 jeunes issus des dix régions du Cameroun sont récemment venus exposer leur savoir-faire lors d’une foire d'exposition à Yaoundé, la capitale. Ils opèrent dans des secteurs tels que l’agroalimentaire, le cosmétique, l’artisanat et les innovations technologiques.
L’initiateur de la rencontre, le Réseau des parlementaires espérance jeunesse, est un organe de l'Assemblée nationale camerounaise qui promeut l'entrepreneuriat des jeunes.
“Chaque Camerounais doit se rendre compte que chaque fois qu’il achète un produit importé, cela finance le travail ailleurs", souligne le député Josuah Osih, coordonnateur du Réseau. "Chaque fois que vous choisissez un produit local par rapport à un produit importé, vous favorisez l’emploi d’un jeune Camerounais", dit-il.
Les jeunes entrepreneurs ont évoqué d’autres obstacles à la promotion du "Made in Cameroon".
"On a parfois des idées, mais on ne trouve pas de financements", déplore un exposant ayant requis l’anonymat.
Le gouvernement souhaite que la production locale des jeunes s’arrime aux normes internationales.
"Il faut pouvoir s'installer dans la durée, pour ensuite s’imposer", soutient Luc Magloire Mbarga Atangana, ministre du commerce."Nous devons pour cela les uns et les autres, pouvoirs publics et opérateurs économiques, travailler à satisfaire le triptyque disponibilité, accessibilité, attractivité", souligne-t-il.