Avec ses quelque 70.000 habitants, Nkayi est la quatrième ville de la République du Congo. Depuis des décennies, une unité de production industrielle de sucre y est en cours. Mais la population, a un problème d’hygiène dans les ménages: les latrines ne sont pas modernes.
"Le commun d’habitants n’a pas de latrine moderne", indique un habitant de la ville. Lorsqu’on lui pose la question sur les latrines chez lui, Fidèle Mankissa, 70 ans, répond avec ironie. "Les latrines ? Nous allons n’importe où. Même dans l’herbe... on prend un sachet et on fait comme dans l’ancien temps, après on jette dans l’herbe", dit-il.
Même dans les écoles, les enseignants et les élèves sont confrontés au même problème. Et c’est plus compliqué à l’école primaire Kingoma 1 qui reçoit plus de 2.000 élèves.
"Parfois c’est dans les herbes, ou les élèves viennent déposer sur la dalle, car les toilettes sont déjà pleines", témoigne Marius Kinzenze Nkaya, directeur adjoint de cette école.
"Le corps enseignant se débrouille dans le voisinage. On demande par-ci par-là, et vous êtes autorisé", ajoute-t-il.
Et comment vider une latrine quand elle est pleine ? C’est une pratique presque pas connue à Nkayi, selon le conseiller à l’urbanisme, Alphonse Madienguila.
"Nous bénéficions du sol qui est très consistant, et donc quand nous creusons les latrines, c’est difficile que nous ayons besoin de vidanger. Nous n’avons pas des odeurs fétides, il y en a pas. C’est l’une des villes où nous vivons sainement", assure-t-il.
Un problème mondial
Selon une enquête de l’UNICEF, plus de 470.000 Congolais des zones rurales continuent à déféquer dans la savane. Ici, le taux d’accès à l’assainissement basique n’est que de 6% contre 27 dans les villes.
Le manque de latrines est un problème mondial. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 2 milliards de personnes ne disposent toujours pas de toilettes ou de latrines. Parmi elles, précise l’OMS, “673 millions défèquent à l’air libre, par exemple dans les caniveaux, derrière des buissons ou dans des plans d’eau”. Au moins 10% de la population mondiale consomme des aliments provenant de cultures irriguées par des eaux usées, précise l’agence onusienne.
Ce qui est problématique à plusieurs niveaux: le choléra, maladie mortelle, peut être évité grâce à de meilleures installations sanitaires. Une étude de l'ONG internationale Save The Children montre que dans de nombreux pays, les filles abandonnent l'école en raison du manque de toilettes.
Au Congo, l’Union européenne soutient un programme qui vise à construire des latrines pour la population. Gaston Mampassi, le maire de Nkayi, se dit soulagé.
"Nous avons passé près de 5 ans en train de parlementer avec l’AFD, l’Union européenne et le gouvernement de la République. Et aujourd’hui, c’est le bout de tunnel qui est aperçu. C’est déjà la toute première étape de la mise en œuvre de ce programme au bonheur des populations de Nkayi", déclare l’autorité municipale.