"Non à l'accord", a crié la foule qui se dirigeait vers le palais présidentiel de Khartoum, où siège le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, qui a pris le pouvoir en octobre 2021 et évincé les dirigeants civils.
Le 5 décembre, les militaires au pouvoir au Soudan, dont le général Burhane et le commandant paramilitaire Mohamed Hamdan Daglo, ont signé un accord-cadre avec plusieurs groupes civils, notamment les Forces pour la liberté et le changement (FFC) dont les représentants avaient été évincés lors du coup d'Etat du 25 octobre 2021.
Cet accord, qui reste très général et ne fixe que peu d'échéances, a été critiqué par des analystes et militants prodémocratie qui le jugent "vague" et "opaque" et doutent de sa capacité à résoudre l'impasse politique dans laquelle est plongé le pays depuis treize mois.
Mardi, les manifestants défilaient à Khartoum en brandissant des banderoles demandant justice pour les personnes tuées durant les manifestations pro-démocratie.
"Nous sommes opposés à cet accord qui n'est pas clair concernant nos demandes de justice et de responsabilité", a déclaré à l'AFP depuis Khartoum Nisreen, une manifestante de 38 ans. "Nous n'avons plus confiance en l'armée. On leur a donné notre confiance par le passé et ils ont mené un putsch".
Ce coup d'Etat avait fait dérailler la transition difficile vers un régime civil, entamée après l'éviction en 2019, sous la pression de l'armée et de la rue, de l'ex-président Omar el-Béchir, au pouvoir pendant près de trois décennies et aujourd'hui en prison.
Depuis, des manifestations quasi hebdomadaires contre le putsch ont lieu malgré la répression qui a fait 122 morts selon des médecins, dans ce pays très pauvre, frappé par une crise économique et une montée de la violence interéthnique. Lors de la signature de l'accord, le général Burhane a affirmé que "les militaires retourneraient dans leurs casernes". Au Soudan, l'armée a quasiment toujours été aux manettes depuis l'indépendance.
L'accord-cadre prévoit par ailleurs que les signataires civils choisiront un Premier ministre chargé de mener une nouvelle phase de transition de 24 mois. Les signataires se sont également engagés à s'entendre sur un agenda incluant la justice transitionnelle – qui permettrait de demander des comptes aux responsables d'infractions passées aux droits humains – et les réformes des services de sécurité ainsi que de l'armée.