Dans les marchés de Dakar, le vacarme habituel causé par l'afflux incessant de visiteurs a laissé place à un silence assourdissant qui n'est perturbé que par les salamalecs échangés entre les commerçants et les rares clients qui viennent acheter des denrées de première nécessité.
Cheikh Tidiane Gueye, commerçant et délégué du marché "Fithie Mithie" dans la banlieue de Dakar, indique que seuls "ceux qui vendent les denrées alimentaires" ont le droit de vendre.
Une situation causée par les mesures restrictives imposées par les autorités, notamment le sous-préfet qui a "ordonné aux commerçants de cesser d'exercer dans le périmètre du marché", d'après Cheikh Tidiane. Ce dernier indique que lui et ses collègues "souffrent énormément" depuis le début de l'état d'urgence.
Même s'ils sont autorisés à ouvrir durant la journée, les vendeurs de produits agroalimentaires ne sont pas mieux lotis.
Pour eux, les ventes sont en chute libre avec une "activité qui a considérablement baissé de rythme", selon Dame Fall, qui explique que "travailler de 8 à 19 heures est insuffisant" car le commerce marche plus le soir, jusqu'à 22 heures. Dame Fall affirme que le jour l'activité est au ralenti alors que le soir "ça marche à merveille parce que les gens passent acheter en quittant le travail".
Mais il estime qu'avec le couvre-feu, c’est "difficile de tenir" d'autant plus que "les clients ne viennent plus comme avant car ils ont peur d'une part d'être contaminés et d'autre part de sortir à cause du couvre-feu. “
Considérablement affectés par l'état d'urgence et le couvre-feu, les acteurs du secteur informel sont au bord du désastre.
"Tout est bloqué et la situation est très compliquée. On vient juste parce qu’on ne peut pas rester à la maison les bras croisés, mais vous voyez qu'il n'y a absolument rien au marché", se lamente Cheikh Gningue qui indique ne pas savoir s'ils auront un accompagnement de l'État qui a "annoncé 1.000 milliards pour aider les acteurs économiques" sans donner de précisions concernant "les commerçants et marchands".
Cheikh ne désespère pas pour autant car pour lui "avoir des précisions par rapport à cela va nous encourager à rester à la maison auprès de nos familles mais pour le moment nous sommes obligés de venir au marché chaque jour pour assurer la dépense quotidienne".
Au Sénégal, les acteurs du secteur informel ne cachent pas leur désarroi. Plombés par l'état d'urgence sanitaire et ses conséquences sur leur business, ces commerçants, vendeurs et marchands ambulants voient leur chiffre d'affaires baisser au fil des jours avec la fermeture des marchés et l'absence de mesures d'accompagnement.