Elaborée en septembre-octobre lors d'un dialogue entre le pouvoir et l'opposition dite modérée, cette révision porte sur le remplacement du Sénat par des Conseils régionaux élus, la suppression de la Haute cour de justice, du médiateur de la République et du Haut conseil islamique, et une modification du drapeau national.
Quelque 1,4 million de Mauritaniens sont appelés aux urnes de 07H00 à 19H00 GMT, les résultats étant attendus en début de semaine prochaine.
La campagne - émaillée de tensions, voire de violences, lors de rassemblements de l'opposition radicale, engagée dans un "boycott actif" du scrutin afin de réduire au minimum la participation - s'achève jeudi, avec notamment un ultime meeting du chef de l'Etat, qui a promis des "révélations".
Ulcéré par l'échec du projet au Sénat, pourtant majoritairement favorable au pouvoir, il a accusé de "corruption" les sénateurs qui s'y sont opposés, exhortant le peuple à "éliminer cette chambre dangereuse pour l'avenir du pays et de sa démocratie".
M. Ould Abdel Aziz, qui a fait campagne dans tout le pays pour un "oui massif", affirme également que l'opposition veut "créer le chaos".
L'opposition radicale, regroupée au sein d'une alliance, a dénoncé au début de la campagne une "mascarade sans objet et dont les desseins cachés sont évidents", en référence aux intentions qu'elle prête à M. Ould Abdel Aziz.
Elle considère comme un "passage en force" sa décision de soumettre à référendum la révision constitutionnelle, pourtant rejetée par la voie parlementaire, craignant un précédent qui pourrait faciliter à terme une modification de la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels.
'Campagne inégalitaire'
Le chef de l'Etat s'est engagé à plusieurs reprises à ne pas toucher à la limite du nombre de mandats, assurant qu'une "Constitution ne peut être changée pour des intérêts personnels", sans parvenir à faire taire les soupçons de l'opposition.
Celle-ci motive ses inquiétudes par les déclarations de ministres ou de proches du président en faveur d'un troisième mandat de M. Ould Abdel Aziz.
Arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 2008, cet ancien général a été élu en 2009, puis réélu en 2014 pour cinq ans.
En mars, la révision a été adoptée par l'Assemblée nationale, mais rejetée par le Sénat. La décision de passer outre à ce rejet en soumettant le projet à référendum a provoqué une controverse, l'opposition et des constitutionnalistes contestant la légalité de cette procédure.
Une vingtaine de sénateurs ont entamé mercredi un sit-in au Sénat afin d'exiger que M. Ould Abdel Aziz leur présente ses excuses pour les avoir accusés de corruption et renonce au référendum, selon une source parlementaire.
En raison de son boycott, l'opposition radicale est exclue du temps d'antenne de la campagne officielle, à l'exception d'un parti, la Convergence démocratique nationale (CDN).
Toutes les autres formations en campagne militent pour le oui, qui se taille donc la part du lion dans les médias, a souligné le chef du CDN, Mahfoudh Ould Bettah, déplorant "une campagne difficile et inégalitaire en termes de répartition du temps d'antenne", ainsi qu'un "manque de neutralité de l'administration et de l'armée".
"Nous avons une minute à la télévision officielle et une minute et demie à la radio nationale, alors qu'une centaine de partis politiques prônant le oui bénéficient du reste, soit 99% du temps réglementaire", a-t-il regretté.
"Malgré ce battage médiatique des partisans du oui, nous avons la certitude que les Mauritaniens rejetteront le projet anticonstitutionnel et contraire à leurs choix démocratiques", a estimé l'opposant.
Les Mauritaniens voteront samedi dans deux urnes: l'une pour les principaux amendements et l'autre pour la modification du drapeau, auquel seraient ajoutées deux bandes rouges, symbolisant le sang des "martyrs de la résistance" à la colonisation française. La Mauritanie a proclamé son indépendance en 1960.
Avec AFP