La Convergence démocratique nationale (CDN) de M. Ould Bettah est le seul parti de l'opposition dite radicale à ne pas boycotter le scrutin. Toutes les autres formations en campagne, de la majorité ou de l'opposition modérée, appellent à voter oui.
Elaboré en septembre-octobre lors d'un dialogue entre le pouvoir et l'opposition modérée, le projet de révision prévoit la suppression du Sénat, qui serait remplacé par des Conseils régionaux élus, de la Haute cour de justice, du médiateur de la République et du Haut conseil islamique, et une modification du drapeau national.
"Nous menons une campagne difficile et inégalitaire en termes de répartition du temps d'antenne", a déclaré Me Bettah à l'AFP mardi soir, estimant à "1% seulement" le temps accordé à son parti dans les médias publics.
"Nous avons une minute à la télévision officielle et une minute et demie à la radio nationale, alors qu'une centaine de partis politiques prônant le oui bénéficient du reste, soit 99% du temps réglementaire", a-t-il déploré.
"Malgré ce battage médiatique des partisans du oui, nous avons la certitude que les Mauritaniens rejetteront le projet anticonstitutionnel et contraire à leurs choix démocratiques", a estimé l'opposant, dénonçant un "manque de neutralité de l'administration et de l'armée" et des interdictions de tenir des meetings dans certaines villes.
Le président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a fait campagne dans tout le pays, appelle à un "oui massif" et accuse l'opposition de vouloir "créer le chaos dans le pays".
Il a promis mardi soir de faire des "révélations" dans un meeting de clôture jeudi à Nouakchott, accusant les sénateurs opposés au projet de "corruption" et invitant le peuple à "éliminer cette chambre dangereuse pour l'avenir du pays et de sa démocratie".
En mars, la révision a été adoptée par les députés, mais rejetée par les sénateurs, pourtant majoritairement favorables au pouvoir.
La décision du chef de l'Etat de passer outre au rejet du projet par la voie parlementaire en le soumettant à référendum a provoqué une controverse, l'opposition et des constitutionnalistes contestant la légalité de cette procédure.
En raison de son "boycott actif" de ce scrutin qu'elle juge "inconstitutionnel", le reste de l'opposition radicale est exclu du temps d'antenne de la campagne officielle, selon la Haute autorité de l'audiovisuel et de la presse.
Quelque 1,4 million de Mauritaniens sont appelés à se prononcer samedi sur ces changements constitutionnels, pour lesquels deux urnes sont prévues: l'une pour les principaux amendements et l'autre pour la modification du drapeau.
Les résultats sont attendus en début de semaine prochaine.
Avec AFP