Dans ce document consacré au traitement des minorités ethniques et religieuses en Birmanie, le Haut-commissariat des droits de l'Homme de l'ONU dénonce "une série de violations grossières des droits de l'homme contre les Rohingyas (..) qui laisse supposer une attaque de grande ampleur ou systématique (..) qui pourrait déboucher sur une possible accusation de crimes contre l'humanité devant un tribunal".
Cette minorité de plus d'un million de personnes, dont certaines sont installées en Birmanie depuis des générations, reste considérée comme des immigrés illégaux du Bangladesh voisin.
Dans l'Etat Rakhine (ouest de la Birmanie), plus de 100.000 Rohingyas s'entassent toujours dans des camps de déplacés depuis des violences intercommunautaires entre bouddhistes et musulmans qui ont fait plus de 200 victimes en 2012, notamment musulmanes.
Début mars, l'ONU avait lancé un signal d'alarme concernant cette minorité, toujours contrainte de vivre dans des "conditions terribles" avec notamment des enfants mourant faute d'accès aux soins.
Le prix Nobel de la Paix Aung San Su Kyi, dont le parti a pris les rênes du pouvoir dans le pays début avril, est critiquée à l'étranger pour le silence qu'elle observe à ce sujet. Même le mot "rohingya" est tabou en Birmanie.
Le rapport de l'ONU souligne que les Rohingyas, apatrides, sont exclus du marché du travail, du système éducatif et de santé (..) et soumis à des menaces pour leur vie et leur sécurité, au travail forcé, à la violence sexuelle". Les enfants rohingya ne reçoivent pas de certificat de naissance depuis les années 90.
"Le nouveau gouvernement hérite d'une situation où des lois et des politiques sont en place et conçues pour nier les droits fondamentaux des minorités, et où l'impunité pour les violations graves contre ces communautés encourage la violence contre celles-ci", a déclaré le haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein.
"Le gouvernement a fait publiquement part de ses intentions initiales. J'espère que vous pourrons commencer à travailler ensemble pour la mise en oeuvre de certaines des recommandations contenues dans mon rapport", a-t-il ajouté.
Le rapport met aussi en exergue les "violations et atteintes aux droits de l'Homme" visant d'autres minorités, comme les Shan et les Kachin qui sont en rébellion armée contre le pouvoir central.
"Dans les Etats Kachin et Shan, où les combats se sont intensifiés, il existe des rapports faisant état de violations par toutes les parties au conflit", souligne le document, mettant en garde contre le fait que "les violations du droit humanitaire international dans le contexte de divers conflits armés pourraient constituer des crimes de guerre".
Le rapport du Haut-commissariat réclame une enquête globale sur la situation des minorités dans l'Etat Rakhine et dans les autres zones de Birmanie, et "des enquêtes indépendantes sur les violations présumées du droit international des droits de l'Homme et du droit humanitaire, y compris celles commises par des responsables de l'application des lois".
Avec AFP