Depuis l’avènement du nouveau coronavirus, avec son corollaire de mesures barrières, les journalistes tchadiens -- surtout ceux des médias privés -- broient du noir. Certains journaux revoient leur production à la baisse en raison de la mévente et réduisent de manière drastique les salaires de leurs employés, allant de 20 à 40%.
Des radios privées en revanche, augmentent leur temps d’antenne pour sensibiliser la population au respect strict des mesures barrières.
Pour Dénémadji Yolonde, chargée des programmes de la radio "Arc-en-ciel", une radio confessionnelle, la grille de programmes a été modifiée pour accompagner le gouvernement dans sa politique de sensibilisation, mais aucun financement n'a été débloquer pour combler ce vide. La rédaction fait le travail avec les moyens de bord.
Djimet Wiché, directeur de publication du journal "Alwhida", un média en ligne, lui, met une partie de son personnel au chômage technique. Il s'agit surtout les collaborateurs externes et du personnel non essentiel. Sur le plan financier, il déclare n’avoir pas reçu des annonces et des publicités qui constituent la force principale de chaque organe de presse. Ce qui affecte négativement les activités de sa rédaction, a t-il déploré.
Si quelques journaux tiennent encore le coup, c’est un travail de sacrifice estime Samory Ngaradoumbé, président de l’Association des éditeurs de la presse privée du Tchad.
"Si nous fermons les portes, qui va porter le message nécessaire à la population? Il y a un travail de sacrifice qui est là et c’est au mérite des journalistes qu’il faut reconnaître", a-t-il déclaré.
Pour Leubnodji Tah Nathan, qui dirige une organisation des journalistes reporters, la presse tchadienne est en train de mourir à petit feu.
Il explique que certaines rédactions sont menacées d’expulsion parce qu’elles n’ont pas payé le loyer. Il précise pour une dizaine de journaux, il est impossible d'aller à l’imprimerie parce qu’ils ont des dettes à payer.
Les responsables des télévisions et radios privées du Tchad demandent au gouvernement un appui financier à ces médias.
Selon Mekondo Sony, président de l’Union des radios privées du Tchad, les médias privés accordent un sursis de trois jours à compter du lundi 18 au nouveau Comité de gestion de la crise sanitaire pour répondre à leurs revendications. A défaut d’une réponse favorable, tous les médias privés se verront dans l’obligation d’engager des actions conséquentes, menace le patron des radios privées du Tchad.
Le président Déby vient de mettre sur pied, par décret, un Comité de gestion de crise sanitaire placé sous son autorité en lieu et place de la cellule de veille qui a montré ses limites dans cette lutte. Selon le communiqué officiel publié ce dimanche 17 mai, les autorités médicales parlent de 503 cas d’infection au Covid-19 et 53 de décès au Tchad.